Depuis le début de l’invasion russe, des dizaines de milliers de Français ont ouvert leurs portes à des familles ukrainiennes en quête de refuge. Cet élan de solidarité a sauvé de nombreuses vies, mais se heurte désormais à des défis concrets : coûts imprévus, lourdeurs administratives et épuisement moral des hébergeurs.
Témoignages
Offrir un toit à une famille en détresse demeure l’un des gestes les plus forts, mais il exige un engagement de long terme. Hélène, retraitée, raconte : « J’ai aménagé une chambre supplémentaire, avancé les factures d’électricité et d’internet, et coordonné les rendez-vous médicaux de ma protégée. » Après deux mois, elle avoue ressentir un profond épuisement : « Je ne regrette pas, mais je ne pensais pas devoir gérer autant de paperasse et de dépenses. »
Le revers de la solidarité
Selon l’Office français de l’immigration et de l’intégration, près de 70 000 réfugiés ukrainiens perçoivent une allocation mensuelle de 426 € — somme souvent versée avec retard et insuffisante pour couvrir l’ensemble des besoins (alimentation, transport, fournitures scolaires). En pratique, ce sont les familles d’accueil qui assurent la couverture des dépassements, parfois plusieurs centaines d’euros chaque mois, sans compensation.
Vers un soutien mieux coordonné
Pour préserver cet élan, élus locaux et associations plaident pour un renforcement des aides publiques :
- Création d’un guichet unique pour simplifier les démarches administratives et accélérer les versements.
- Mise en place de fonds de solidarité municipaux, remboursant directement les frais engagés par les hébergeurs.
- Offre d’un accompagnement psychologique et logistique aux familles volontaires, pour limiter la désillusion et sécuriser l’accueil.
Héberger des réfugiés ukrainiens reste un acte d’humanité essentiel. Mais pour que la bienveillance ne s’épuise pas avant la mise en place de solutions durables, il est urgent de reconnaître l’ampleur des besoins et de structurer un dispositif de soutien adapté.



