PARIS — Le système de retraite français doit être remanié, a déclaré jeudi Marylise Léon, dirigeante d’un grand syndicat français, alors que le débat sur l’âge de la retraite revient sur le devant de la scène dans un contexte de crise politique qui s’aggrave.
« La question de notre système de retraites n’est pas close », a déclaré Léon, secrétaire général de la CFDT depuis 2023, lors du Sommet sur la compétitivité de L’Observatoire de l’Europe à Paris. «Nos systèmes actuels ne répondent pas aux défis du lieu de travail.»
Le débat autour des retraites est au centre de la politique française depuis que le président Emmanuel Macron a fait adopter en 2023 une réforme qui a relevé l’âge minimum de la retraite pour la plupart des travailleurs à 64 ans, malgré l’opposition généralisée du public et des syndicats, qui se sont unanimement opposés à cette décision.
La dynamique en faveur d’une suspension de la réforme, qui reste impopulaire, s’est renforcée ces derniers jours après la chute d’un troisième gouvernement français en moins d’un an. Les partis représentant la majorité des législateurs à l’Assemblée nationale française sont désormais favorables à l’abandon de la réforme. L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne – qui a fait adopter le projet de loi malgré une opposition farouche – a déclaré qu’elle soutenait désormais la suspension de la loi.
« Ce que nous vivons de manière accélérée et intense est le résultat d’un épuisement politique », a déclaré Léon à propos de la crise politique actuelle.
Léon, dont le syndicat est généralement perçu comme modéré et ouvert au compromis, a déclaré qu’elle souhaitait que le débat sur les retraites ait lieu lors de la prochaine élection présidentielle prévue en 2027 – et ne se concentre pas exclusivement sur l’âge minimum de la retraite.
« (L’âge minimum) ne résout pas plusieurs problèmes : ceux qui commencent à travailler jeunes, qui ont des emplois difficiles », a-t-elle déclaré. « Ce que de nombreux citoyens nous disent, c’est qu’ils ont le sentiment d’avoir de moins en moins de choses sur lesquelles ils peuvent réellement influencer. »
La CFDT soutient un système de retraite à points, dans lequel les travailleurs gagnent des points pour chaque année de travail, leur pension étant basée sur le total des points qu’ils accumulent. Dans le système actuel en France, les pensions de la plupart des travailleurs sont calculées sur la base des revenus passés et sont garanties lorsqu’ils atteignent un âge minimum après avoir travaillé pendant au moins 43 ans.
Une telle réforme avait été introduite sous la présidence Macron par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, avec le soutien de la CFDT, mais a été abandonnée en raison de la pandémie de Covid-19.
Lors du sommet L’Observatoire de l’Europe de jeudi, Léon s’est également exclue comme candidate potentielle au poste de Premier ministre. Son prédécesseur, Laurent Berger, a souvent été évoqué comme une option pour diriger un gouvernement dit technique qui comprendrait des experts sectoriels plutôt que des politiques.
Macron devrait annoncer vendredi un nouveau Premier ministre – le quatrième en moins d’un an.
