Ahead of the Olympic Games in Paris, the fiscal outlook is not looking so positive

Jean Delaunay

L’explosion du déficit et de la dette de la France pourrait-elle conduire à une dégradation de sa note ?

La France fait l’objet d’une surveillance budgétaire intense à l’approche de semaines remplies d’événements critiques, notamment de révisions imminentes des notations par les agences de notation de crédit. Les économistes préviennent qu’un resserrement budgétaire important pourrait être nécessaire pour éviter une dégradation.

Le gouvernement français approche d’une phase cruciale dans les semaines à venir, avec ses politiques budgétaires sous étroite surveillance. D’ici fin avril, il devrait présenter son programme de stabilité, qui actualisera sa stratégie budgétaire à moyen terme. Les moments critiques à l’horizon incluent les révisions des notations de Moody’s (actuellement AA avec perspective stable) et Fitch le 26 avril (AA- avec perspective stable), suivies d’une évaluation par S&P le 31 mai (AA avec perspective négative).

De récentes projections du Fonds monétaire international indiquent que le déficit public de la France restera supérieur à 4 % jusqu’en 2029, soit près du double de la moyenne de la zone euro, et que la dette publique devrait atteindre 115 % du PIB dans les années à venir. La Commission européenne a déjà signalé des conflits potentiels avec les règles budgétaires de l’UE dans sa réponse au plan budgétaire français pour 2024, soulignant les risques d’un ajustement négatif de la part de S&P en raison de ses perspectives négatives actuelles.

Le président Macron n’a pas de quoi sourire pour le moment
Le président Macron n’a pas de quoi sourire pour le moment

Les perspectives budgétaires de la France sont-elles vraiment aussi sombres qu’elles le paraissent, et quelles mesures sont essentielles pour atténuer les impacts négatifs potentiels sur l’économie et les marchés financiers d’une éventuelle dégradation de la notation ?

Analyse du paysage fiscal français

Les dernières perspectives budgétaires du FMI suggèrent que le déficit public de la France ne diminuera que légèrement, passant d’un taux révisé à la hausse de 5,5 % du PIB en 2023 à 4,9 % en 2024 et 2025. Le ratio déficit/PIB devrait rester supérieur à 4 % jusqu’en 2029, ce qui supérieur à la moyenne de la zone euro tout au long de la période de prévision.

En outre, la dette publique du pays devrait passer de 110,6 % du PIB en 2023 à 115,2 % en 2029, soit près de 30 points de pourcentage au-dessus de la moyenne de la zone euro.

Alexandre Stott, économiste chez Goldman Sachs, a noté : « Le déficit de 2023 à lui seul a fait monter durablement la trajectoire de la dette par rapport au PIB. Mais le degré de détérioration dépend essentiellement de la trajectoire du déficit à partir de là. »

Stott a suggéré que les corrections politiques pourraient impliquer principalement des réductions de dépenses plutôt que des augmentations de revenus, y compris d’éventuelles coupes budgétaires du gouvernement central, des incitations pour les autorités locales à contrôler les dépenses et des politiques de marché du travail plus strictes.

Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, estime que l’objectif du gouvernement français d’un déficit de 4,4 % du PIB en 2024 semble désormais irréalisable, avec des déficits potentiels dépassant à nouveau les 5 % en raison d’un point de départ pire que prévu et de projections de croissance plus faibles. En outre, le paysage politique complexe, marqué par l’absence de majorité parlementaire du gouvernement, complique toute législation sur les finances publiques.

« Le gouvernement devra annoncer des mesures afin d’éviter une dégradation », a écrit de Montpellier. Elle s’attend également à ce que la politique budgétaire de la France passe d’une politique très expansionniste à une politique plus restrictive à l’avenir, pesant sur la croissance économique.

Les économistes de Bank of America, Evelyn Herrmann et Erjon Satko, affirment que la dynamique budgétaire de la France « mérite une attention particulière », notant que « le dérapage de 2023 a sans doute mis cette trajectoire exacte de la dette hors de portée ». Un retour au seuil de déficit de 3 % au cours de cette décennie semble difficile à atteindre, et une baisse du taux d’endettement pourrait devenir un risque extrême.

La France pourrait-elle être confrontée à une dégradation de sa note de crédit ?

Un point de surveillance particulièrement critique est la position actuelle de S&P qui, depuis décembre 2023, positionne la dette souveraine française sur une note AA avec une perspective négative. L’agence a souligné la possibilité d’une dégradation de la note de la France au cours de l’année prochaine à moins qu’il n’y ait des réductions significatives des déficits budgétaires pour diminuer le ratio dette publique/PIB, ou si les paiements d’intérêts publics dépassent 5 % des recettes.

Le gouvernement devra annoncer des mesures afin d’éviter un déclassement

Charlotte de Montpellier, économiste chez ING

Cette dégradation imminente est influencée par plusieurs facteurs, notamment des dépenses publiques élevées qui entravent les efforts de consolidation budgétaire, ou des performances économiques qui ne répondent pas aux attentes.

Quelles implications cela pourrait-il avoir ?

Une dégradation de la note de crédit entraîne généralement une hausse des taux d’intérêt sur les obligations d’État, augmentant ainsi les coûts d’emprunt de la France. Cette hausse pourrait exacerber les pressions budgétaires en gonflant les dépenses liées au service de la dette, ce qui pourrait aggraver les déficits à moins d’être atténuée par des réformes budgétaires significatives, telles que la réduction des dépenses publiques ou l’augmentation des impôts. Essentiellement, la France pourrait s’orienter vers une nouvelle austérité budgétaire.

Actuellement, le rendement des obligations d’État françaises à 10 ans – principal indicateur du coût pour l’Elysée d’émettre de nouvelles obligations sur le marché – est d’environ 3 %, soit près du triple de sa moyenne sur 10 ans. Le spread – ou différentiel de rendement – ​​par rapport au Bund allemand s’élève à 50 points de base. Cet écart pourrait s’élargir à la suite d’une décision de notation de crédit négative.

En tant que deuxième économie européenne, une dégradation pourrait ébranler la confiance des investisseurs, affectant non seulement le marché obligataire français mais également le paysage plus large des actions et des investissements dans la région.

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