Alors que l’inflation continue de grignoter le pouvoir d’achat des ménages, une mesure phare revient dans le paysage social français : la prime de partage de la valeur. Anciennement appelée « prime Macron », elle pourrait atteindre jusqu’à 6 000 euros dans certaines configurations, mais tous les salariés n’y auront pas droit de la même manière.
Une prime défiscalisée pour alléger la pression de l’inflation
Dans le cadre du projet de loi sur le pouvoir d’achat, la prime de partage de la valeur (PPV) s’inscrit comme un outil d’ajustement ponctuel, permettant aux employeurs de verser une somme supplémentaire à leurs salariés sans charges sociales ni impôt — sous certaines conditions.
Le montant de la prime peut aller jusqu’à 3 000 euros, et même 6 000 euros dans les entreprises ayant mis en place un dispositif d’intéressement ou de participation. Elle vise clairement à offrir un levier de soutien immédiat, sans alourdir la feuille de paie ni les obligations fiscales.
Qui peut bénéficier de la prime de partage de la valeur ?
La PPV s’adresse à un public plus large que les dispositifs précédents. Elle concerne désormais tous les salariés du privé, y compris ceux des TPE, PME, artisans, commerçants et professions libérales, ainsi que les salariés des établissements publics à caractère industriel et commercial (RATP, France Télévisions, INA, Opéra de Paris).
Les agents travaillant dans certains établissements publics administratifs (ARS, CNAM, Pôle emploi, etc.) sont également éligibles. Le contrat de travail (CDI, CDD, temps partiel, apprentissage) doit être en cours au moment du versement de la prime ou lors de la mise en place officielle du dispositif par l’entreprise.
Des conditions d’attribution à connaître
Si la prime est exonérée d’impôts, cette exonération n’est valable que pour les salariés dont le revenu annuel ne dépasse pas trois fois le Smic, soit environ 20 147 euros nets annuels. Au-delà de ce seuil, la prime est soumise à l’imposition sur le revenu.
Autre point clé : le versement de la prime reste facultatif. Aucune entreprise, quelle que soit sa taille, n’a l’obligation légale d’en faire bénéficier ses salariés. Il s’agit d’une démarche volontaire, qui peut être décidée unilatéralement par l’employeur ou mise en place via un accord collectif.
Les conditions sont toutefois encadrées :
- Pour les entreprises de plus de 50 salariés, un accord de participation doit être en place.
- Pour celles de moins de 50 salariés, l’existence d’un dispositif d’intéressement ou de participation, même volontaire, est nécessaire pour atteindre le plafond de 6 000 euros.
Un outil à double tranchant pour les employeurs
Pour les dirigeants, la PPV présente un avantage indéniable : elle permet de valoriser les salariés sans grever la masse salariale de charges sociales. Elle peut aussi jouer un rôle dans la fidélisation des équipes, à un moment où la pression sur les rémunérations s’intensifie.
Mais cette mesure peut aussi accentuer les inégalités entre entreprises, en particulier entre celles qui peuvent se permettre un tel versement, et celles, plus fragiles, qui en sont incapables.
Conclusion : une mesure incitative, pas universelle
La prime de partage de la valeur offre une réponse ponctuelle mais ciblée face à la montée des prix. Elle ne règle pas la question du pouvoir d’achat de façon structurelle, mais représente un levier de compensation utile — à condition d’en comprendre les règles et les limites.
Dans les faits, son déploiement dépendra largement de la volonté des employeurs et de la capacité financière des entreprises à l’intégrer. Pour les salariés concernés, c’est un coup de pouce bienvenu, mais encore incertain. Une mesure de soutien… à géométrie variable.



