French President Emmanuel Macron votes during the European election, in Le Touquet-Paris-Plage, northern France, June 9, 2024.

Jean Delaunay

Pourquoi le président français Emmanuel Macron a-t-il annoncé des élections anticipées après sa défaite aux élections au Parlement européen

Le parti Renouveau de Macron a subi une cuisante défaite aux élections européennes, obtenant seulement 15,2 % des voix contre 31,5 % pour le Rassemblement national d’extrême droite, selon des résultats provisoires.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé dimanche soir qu’il dissoudrait l’Assemblée nationale après que le Rassemblement national d’extrême droite ait écrasé son parti centriste Renew aux élections européennes.

Dans une allocution vidéo de cinq minutes diffusée sur les réseaux sociaux peu après 21h00, Macron a déclaré qu' »après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire ». en votant. »

« Je dissout donc l’Assemblée nationale ce soir », a-t-il ajouté.

Son discours intervient une heure seulement après que son parti centriste Renew ait reçu un coup dur en arrivant très loin deuxième aux élections européennes du RN, où les deux partis ont obtenu respectivement 15,2% et 31,5%.

« Défaite sans précédent »

Jordan Bardella, tête de liste du RN à ces élections, avait, dans son discours de victoire prononcé peu après la publication des résultats provisoires à 20h00, appelé à une telle démarche.

« Le président de la République ne peut rester sourd au message envoyé ce soir par les Français. Tout d’abord, il doit abandonner l’agenda qu’il s’apprêtait à mettre en œuvre : la désindexation des retraites, la nouvelle hausse des prix de l’énergie à partir de ce été », a déclaré Bardella à ses partisans.

« Nous lui demandons solennellement de prendre acte de cette nouvelle situation politique, de revenir vers les Français et d’organiser de nouvelles élections législatives. »

« Cette défaite sans précédent du gouvernement actuel marque la fin d’un cycle et le premier jour de l’ère post-Macron, qu’il nous appartient de construire », a-t-il ajouté.

L’extrême droite est « la chute de notre pays »

Macron a rétorqué dans son discours que « la montée des nationalistes et des démagogues est une menace non seulement pour notre nation mais aussi pour notre Europe et pour la place de la France en Europe et dans le monde ».

« L’extrême droite, c’est à la fois l’appauvrissement des Français et la chute de notre pays. Donc au final, je ne peux pas prétendre qu’il ne s’est rien passé », a-t-il ajouté.

Il a déclaré que le scrutin national, qui doit avoir lieu le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet pour le second, est une « décision sérieuse et importante » et un « acte de confiance ».

« Confiance en vous, mes chers compatriotes, dans la capacité du peuple français à faire le bon choix pour lui-même et pour les générations futures. Confiance en notre démocratie, en donnant la parole à notre peuple souverain, rien n’est plus républicain », a-t-il également dit.

Les élections législatives ont généralement lieu en France tous les cinq ans, quelques semaines après l’élection d’un nouveau président. Les prochaines auraient donc dû se tenir mi-2027.

Les élections anticipées sont un pari énorme pour Macron, qui a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale après avoir été réélu en 2022.

Son parti Renew n’a ensuite obtenu que 169 sièges sur les 577 hémicyles, tandis que ses alliés d’autres partis centristes, dont le MoDem et Horizons, ont fourni 81 sièges supplémentaires.

Le RN était la deuxième formation avec 88 sièges, suivi par la gauche radicale La France Insoumise (LFI) et la droite Les Républicains (LR).

La cote de popularité de Macron s’est établie au lamentable 31% en mai, selon l’institut d’enquête IFOP, malgré une augmentation mensuelle de trois points. Son Premier ministre, Gabriel Attal, s’en sort mieux avec 45% des sondés se déclarant « satisfaits » de son travail, en hausse de cinq points par rapport au mois précédent.

Le groupe de réflexion du Conseil européen des relations extérieures (ECFR) a qualifié le calcul électoral de Macron dans un communiqué de « décision inattendue et risquée ».

« Il cherche à avoir une seconde vie et à éviter le statut de canard boiteux – mais cela pourrait aussi conduire à une cohabitation Macron-Le Pen », peut-on lire dans le communiqué.

Le RN « prêt à exercer le pouvoir »

Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, a déclaré à ses partisans qu’elle ne pouvait « que saluer cette décision » de convoquer des élections anticipées, ajoutant « nous y sommes prêts ».

« Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si le peuple français nous fait confiance lors de ces prochaines élections législatives. Nous sommes prêts à remettre le pays sur pied, prêts à défendre les intérêts du peuple français, prêts à mettre un terme aux l’immigration de masse, prêts à faire du pouvoir d’achat des Français une priorité, prêts à entamer la réindustrialisation du pays, bref, nous sommes prêts à remettre le pays sur pied, prêts à relancer la France », a-t-elle déclaré devant une foule en liesse, avec Jordan Bardella debout à côté d’elle.

Jean-Luc Mélenchon, leader de France Unbowed, a également salué l’annonce de Macron, écrivant sur la plateforme de médias sociaux X que le président français « n’a plus la légitimité pour poursuivre ses politiques d’abus social, d’inaction climatique et de bellicisme ».

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