PARIS — L’Assemblée nationale française a voté mercredi la suspension de la loi controversée de 2023 portant l’âge de la retraite de 62 à 64 ans pour la plupart des travailleurs jusqu’à l’élection présidentielle de 2027.
Le vote a été adopté par une marge de 255 voix contre 146. Parmi ses partisans figuraient des législateurs de gauche issus des socialistes et des Verts ainsi que du Rassemblement national d’extrême droite. Parmi les opposants figuraient des députés d’extrême gauche France Insoumise, de droite Les Républicains et de centre droit Horizons. La plupart des députés du parti centriste du président français Emmanuel Macron se sont abstenus.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu avait proposé le mois dernier cette suspension comme un compromis pour assurer la survie de son gouvernement. Le gouvernement s’attend à ce que cette mesure coûte environ 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard d’euros en 2027, a déclaré mercredi le ministre du Travail et de la Solidarité, Jean-Pierre Farandou.
La France est sous pression pour réduire sa dette massive et Lecornu s’est engagé à réduire le déficit budgétaire du pays à 5 pour cent maximum du produit intérieur brut l’année prochaine. Si la suspension de la réforme des retraites a apaisé la température politique intérieure, elle a également suscité des inquiétudes quant au manque de sérieux de la France dans la mise en ordre de ses finances publiques alors que de plus en plus de travailleurs partent à la retraite et que les gens vivent plus longtemps.
La Commission européenne a appelé la France à compenser le coût budgétaire de la suspension en prenant d’autres mesures et les agences de notation ont mis en garde contre l’impact économique de la suspension de la réforme.
Standard & Poor’s et Fitch ont abaissé la note de crédit de la France à la catégorie simple A, tandis que le mois dernier, Moody’s a abaissé sa perspective pour la France de « stable » à « négative », soulignant l’impact économique négatif du gel et le risque qu’il puisse durer au-delà de 2027.
L’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, a jusqu’à minuit pour adopter l’intégralité du budget de la sécurité sociale, qui se concentre sur les dépenses sociales et comprend la suspension de la réforme des retraites. Le texte se dirige ensuite vers le Sénat français.
Si l’Assemblée nationale rejette le budget de la sécurité sociale ou ne parvient pas à voter à temps, le Sénat débattra du texte original proposé par le gouvernement.
Cependant, le gouvernement a déjà clairement indiqué qu’il le modifierait pour prendre en compte tous les changements approuvés à l’Assemblée nationale, y compris la suspension de la réforme des retraites.



