Encouragé par un résultat choc d’un sondage d’opinion montrant que son parti, créé il y a six mois, a presque comblé l’écart avec le Fidesz de Viktor Orbán, qui dirige la Hongrie depuis 2010, le leader de l’opposition insurgée Péter Magyar prévoit de mettre le Premier ministre nationaliste sur la sellette au Parlement européen la semaine prochaine.
Le leader de l’opposition hongroise Péter Magyar devrait affronter Viktor Orbán la semaine prochaine pour la première fois depuis son résultat décisif aux élections européennes de juin, qui semble être le premier défi sérieux à la domination de 14 ans du parti Fidesz du Premier ministre de droite.
Magyar, un ancien membre conservateur du Fidesz, sera encouragé par le dernier sondage d’opinion réalisé par l’institut de sondage Medián, qui montre que le soutien national à son parti Respect et Liberté (Tisza) a augmenté à 39 % parmi les électeurs décidés, à seulement quatre points de retard sur le Fidesz.
Viktor Orbán, salué cette semaine par le candidat à la présidence américaine Donald Trump comme « l’un des hommes les plus respectés » et une « personne dure et intelligente », doit s’exprimer au Parlement européen le 18 septembre pour présenter l’agenda de la présidence semestrielle du Conseil de l’UE par son pays, après s’être vu refuser cette opportunité en juillet, ce que certains ont perçu comme un camouflet.
Le soutien retentissant de Trump n’améliorera guère la position du leader nationaliste d’Europe centrale et ennemi juré de « Bruxelles » parmi les députés européens de gauche et du centre, et Orbán risque d’être interrogé notamment sur son utilisation des premiers jours du mandat de la Hongrie à la tête des négociations intergouvernementales pour se lancer dans une « mission de paix » non conventionnelle à Kiev, Moscou et Pékin.
Répondant de manière inhabituelle aux questions spontanées des journalistes lors d’un événement annuel du parti dans le sud de la Hongrie samedi (7 septembre) et leur demandant s’il prévoyait de dialoguer avec les Hongrois pendant son séjour à Strasbourg, Orbán a répondu qu’il était « à la disposition de tous les représentants du Parlement européen ».
Bien qu’il soit censé répondre aux questions sur les priorités législatives de la Hongrie pendant sa présidence du Conseil, le Premier ministre pourrait également être interrogé sur la décision de son gouvernement d’assouplir les conditions d’entrée pour les ressortissants russes et biélorusses et sur sa menace d’envoyer directement les demandeurs d’asile à Bruxelles.
Mais les questions les plus pointues pourraient peut-être venir de Magyar, qui dirige désormais un contingent hongrois de sept membres au sein du Parti populaire européen (PPE), le plus grand groupe politique de l’assemblée basée à Strasbourg et l’ancien siège du Fidesz, dont la douzaine de députés européens dominent désormais le nouveau groupe Patriotes pour l’Europe d’Orbán.
« Je serai là et je vous enverrai les questions à l’avance pour que vous ayez le temps de vous préparer », a déclaré Magyar fin août dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Une source du PPE a confirmé à L’Observatoire de l’Europe que le groupe avait l’intention de s’assurer que Magyar ait la parole après le discours d’ouverture d’Orbán et les premières réponses des dirigeants du groupe.
Les prochaines élections générales en Hongrie doivent avoir lieu d’ici 2026, et Tisza s’est récemment engagé à doubler le salaire minimum national à l’équivalent de 1 350 euros à partir de l’année suivante, tout en taxant les oligarques et en récupérant ce que Magyar a qualifié cette semaine de milliards qui « disparaissent du budget à cause de la corruption, des marchés publics gonflés et des investissements inutiles ».
L’intervention de Magyar à Strasbourg la semaine prochaine pourrait bien être le premier coup d’envoi d’une campagne électorale qui promet d’être longue et âprement disputée entre le Fidesz et la Tisza. Le fait que le sondage Medián ait placé le fantasque Chien à deux queues en troisième position, à égalité avec le parti ultra-nationaliste Notre Patrie, ne fait que souligner l’absence d’autre opposition crédible dans le pays.