BRUXELLES — Le Parlement européen est sur le point d’accélérer le vote sur l’un des derniers obstacles à l’accord commercial avec le bloc latino-américain du Mercosur, ont déclaré à L’Observatoire de l’Europe trois responsables du Parlement.
Ce calendrier précipité survient alors que les législateurs subissent une pression politique massive pour finaliser le travail législatif sur l’instrument supplémentaire à temps pour que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rende au Brésil le 20 décembre pour signer l’accord tant attendu.
L’accord « vaches contre voitures », en préparation depuis un quart de siècle, créerait une zone de libre-échange couvrant près de 800 millions de personnes. En Europe, la résistance à l’accord a fondu sous la pression de l’offensive tarifaire du président américain Donald Trump, ainsi que de l’engagement de Bruxelles de mettre en œuvre des garde-fous pour protéger les agriculteurs européens de la concurrence sud-américaine, moins chère.
Une fois que la commission du commerce du Parlement aura approuvé les mesures de sauvegarde proposées, ce qui pourrait avoir lieu d’ici lundi, la plénière votera sur la question dès mardi pour savoir s’il convient de les soumettre à une procédure d’urgence. Et si une majorité des législateurs approuvent la procédure accélérée, les garanties devraient être soumises au vote jeudi, ont expliqué les responsables, sous couvert d’anonymat.
Dans le cadre des sauvegardes proposées en octobre, la Commission européenne s’engagerait à surveiller de près les importations de produits agricoles sensibles tels que le bœuf, la volaille et le sucre. Cela a été perçu comme une branche d’olivier destinée à apaiser les inquiétudes des pays sceptiques quant à l’accord commercial massif, comme la France et la Pologne.
Les garanties devraient être approuvées mercredi par le Conseil de l’UE.
Après cela, les institutions européennes devraient approuver le travail législatif sur l’instrument, ce qui était une condition clé pour que la France et d’autres soutiennent l’accord global lors d’un vote dans les prochains jours.
Dans une autre décision cruciale, la Conférence des présidents devrait rejeter mercredi une proposition de résolution demandant un avis à la Cour sur l’accord commercial UE-Mercosur.
Un grand groupe de législateurs européens – comptant entre 140 et 150 députés – a proposé la semaine dernière une motion demandant à la Cour de justice de l’Union européenne d’évaluer si l’accord avec le bloc commercial du Mercosur est compatible avec les traités européens.
La Conférence des présidents, présidée par Roberta Metsola du Parti populaire européen et composée de tous les dirigeants des groupes politiques, rejettera la proposition au motif qu’il n’appartient pas encore au Parlement de peser sur les textes, a déclaré l’un des responsables, car le Conseil de l’UE doit encore voter sur l’accord.
La motion, si elle avait été adoptée, aurait fait dérailler les efforts visant à faire franchir la ligne d’arrivée à temps pour que l’accord commercial tant attendu avec l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay soit signé cette année.
Le texte de la motion, soutenu par les législateurs du PPE, des Socialistes et Démocrates, de Renew, des Verts et du groupe La Gauche, sollicite un avis juridique sur un mécanisme de rééquilibrage intégré à l’accord. Cette disposition, une première dans les accords commerciaux de l’UE, prévoit que chaque partie peut demander réparation si elle considère que l’autre partie a introduit une mesure qui « annule ou compromet substantiellement » les avantages de l’accord.



