La Chine veut lancer 20 fusées pour dévier l’astéroïde Bennu de sa trajectoire

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La Chine veut lancer 20 fusées pour dévier l’astéroïde Bennu de sa trajectoire

À l’heure où les risques cosmiques semblent lointains, la Chine anticipe une menace bien réelle : celle d’un astéroïde de 78 milliards de kilogrammes fonçant vers la Terre. Son nom : Bennu. Sa probabilité d’impact reste faible, mais les conséquences, elles, seraient catastrophiques. Pékin ne compte pas attendre le pire.

Bennu : un astéroïde sous surveillance

Découvert en 1999, l’astéroïde 101955 Bennu, classé dans la catégorie des géocroiseurs Apollon, représente un cas d’école pour les astrophysiciens. En orbite croisant celle de la Terre tous les six ans, Bennu s’approche parfois à moins de 300 000 kilomètres, une proximité suffisante pour figurer dans la liste des objets potentiellement dangereux. Entre 2175 et 2199, les projections évaluent à 1 sur 2700 la probabilité qu’il percute notre planète. Une statistique qui pourrait paraître dérisoire, mais qui suffit à mobiliser les grandes puissances.

La stratégie chinoise : 23 fusées pour une déviation contrôlée

Face à ce scénario, la Chine a mis au point une approche audacieuse : envoyer 23 fusées Long March 5, pesant au total 900 tonnes, percuter Bennu de manière synchronisée. Selon des simulations réalisées par le Centre national des sciences spatiales, cette attaque coordonnée permettrait de dévier l’astéroïde de 9000 kilomètres, soit 1,4 fois le rayon terrestre. Une trajectoire suffisamment modifiée pour écarter toute menace.

L’option de la déviation par impact cinétique présente des avantages significatifs face à l’alternative nucléaire. Utiliser des charges nucléaires pourrait, en effet, fragmenter l’astéroïde, multipliant les risques de collisions secondaires. À l’inverse, une série de frappes mécaniques permet un contrôle plus fin de la trajectoire, sans multiplier les débris spatiaux.

Une mission réaliste et technologiquement viable

Une mission réaliste et technologiquement viable

Les scientifiques chinois estiment que cette technique pourrait être opérationnelle d’ici dix ans, sans recourir au nucléaire. Les fusées existantes ne nécessiteraient que des modifications mineures, principalement l’ajout de propulseurs supplémentaires. De plus, le carburant résiduel des lanceurs pourrait renforcer la poussée au moment de l’impact, augmentant l’efficacité de la déviation.

Le temps de trajet vers Bennu est estimé à trois ans, ce qui offre une fenêtre d’intervention compatible avec les délais prévisibles en cas d’alerte. Cette capacité de réponse rapide constitue l’un des points forts du projet chinois, notamment face à l’approche américaine concurrente.

HAMMER : l’alternative américaine, plus lourde mais plus rapide

Les États-Unis ne sont pas restés inactifs. Avec leur programme HAMMER (Hypervelocity Asteroid Mitigation Mission for Emergency Response), les agences américaines prévoient d’envoyer 400 tonnes de matériel spatial pour atteindre Bennu en deux ans. Si cette stratégie promet un impact plus rapide, elle reste plus coûteuse, et surtout, elle exige une détection de l’astéroïde au moins 25 ans à l’avance, contre seulement dix ans pour le plan chinois.

En parallèle, la NASA a déjà engagé une mission exploratoire avec la sonde Osiris-Rex, qui a prélevé des échantillons à la surface de Bennu. Ces fragments, attendus sur Terre pour 2023, pourraient livrer des informations précieuses sur la composition minérale et l’histoire cosmique de cet objet, vieux de 4,5 milliards d’années, potentiellement porteur de molécules prébiotiques.

En définitive, la stratégie chinoise s’inscrit dans une dynamique de maîtrise technologique et d’indépendance stratégique face aux enjeux globaux. Plus qu’une simple démonstration de puissance, c’est une prise de position claire : face à une menace même lointaine, mieux vaut anticiper que subir.

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