Depuis juillet 2021, un groupe de 122 Allemands perçoit chaque mois un revenu universel de 1 200 € sans aucune condition de ressources ni d’obligation de travailler. Sélectionnés par tirage au sort parmi plus de 2,5 millions de candidats, ils vivent une expérience inédite qui doit durer trois ans. Voici ce que révèlent les premiers retours de cette étude pionnière.
Une expérimentation inédite de revenu universel
Financée par l’association Mein Grundeinkommen, cette initiative permet d’étudier concrètement l’impact d’un revenu de base. Chaque volontaire participe à trois entretiens obligatoires avec un sociologue sur la durée de l’expérimentation, afin de mesurer les effets sur son mode de vie, sa consommation et son stress. L’objectif : dépasser les débats idéologiques en accumulant des données empiriques sur le bien-être et la stabilité financière.
Un montant juste au-dessus du seuil de pauvreté
L’Institut allemand de recherche économique a fixé le montant à 1 200 € pour qu’il soit légèrement supérieur au seuil de pauvreté en Allemagne. Pour comparaison, ce seuil est de 1 015 € en France. Ce choix permet d’observer si ce complément de revenu suffit à couvrir les besoins essentiels et à réduire la précarité, tout en restant réaliste pour un éventuel déploiement à grande échelle.
« J’ai remarqué que je dors mieux »
Elisabeth, jeune habitante du Bade-Wurtemberg, confie : « J’ai l’impression d’avoir gagné au Loto ». Elle explique que ce revenu supplémentaire, ajouté à son salaire, a transformé son quotidien : « Je dors mieux, je fais des nuits complètes et plus calmes ». Pour elle comme pour d’autres participants, ce sentiment de sécurité financière agit directement sur la qualité du sommeil et la gestion du stress.
Les volontaires n’arrêtent pas de travailler
Contrairement aux craintes habituelles, les bénéficiaires continuent pour la plupart leur activité professionnelle. Certains profitent même de cette marge de manœuvre pour amorcer une réorientation professionnelle, lancer un projet ou consacrer du temps à une formation. Selon le sociologue Antonio Brettschneider, l’un des responsables de l’étude, ces données confirmeront si un revenu minimum peut encourager l’initiative individuelle sans nuire à la productivité globale.
Les premiers résultats de cette expérience seront transmis aux autorités en 2024. D’ici là, les témoignages – entre soulagement financier et renforcement du projet personnel – constituent déjà un matériau précieux pour comprendre les véritables enjeux d’un revenu universel.
