Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof a quitté l’Iran après avoir été condamné à huit ans de prison pour des raisons de sécurité nationale, avant l’ouverture du Festival de Cannes où son nouveau film est en compétition.
Le célèbre cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a confirmé qu’il avait réussi à quitter son pays d’origine sans autorisation officielle, après avoir été condamné à huit ans de prison et à la flagellation pour crimes contre la sécurité nationale.
La semaine dernière, le tribunal iranien a considéré les films et documentaires de Rasoulof comme « des exemples de collusion dans l’intention de commettre un crime contre la sécurité du pays ». Cette condamnation intervient quelques jours avant le début du Festival de Cannes – où son nouveau film La graine de la figue sacrée sera présenté en première en Compétition le vendredi 24 mai.
Dans un communiqué diffusé depuis un lieu tenu secret en Europe, le cinéaste de 52 ans confirme la nouvelle de son départ clandestin, décrit la terrible répression de son équipe en Iran et demande à la communauté cinématographique internationale un « soutien efficace ».
« Je suis reconnaissant envers mes amis, connaissances et personnes qui, avec gentillesse, altruisme et parfois en risquant leur vie, m’ont aidé à sortir de la frontière et à atteindre un endroit sûr sur le long et difficile chemin de ce voyage », a écrit Rasoulof sur sa page Instagram.
Faites défiler vers le bas pour sa déclaration complète.
L’avocat de Rasoulof, Babak Paknia, a déclaré à l’AFP : « Je peux confirmer que Mohammad Rasoulof a quitté l’Iran et sera présent au festival de Cannes ».
Cependant, une déclaration des distributeurs français du réalisateur s’est montrée plus circonspecte quant à sa présence à Cannes, affirmant que Rasoulof « séjournait actuellement dans un lieu tenu secret en Europe, évoquant la possibilité qu’il soit présent à la première mondiale de son dernier film ».
« Nous sommes très heureux et soulagés que Mohammad soit arrivé sain et sauf en Europe après un voyage dangereux. Nous espérons qu’il pourra assister à l’avant-première cannoise », a ajouté Jean-Christophe Simon, PDG de Films Boutique et Parallel45, dans le communiqué.
On ne sait pas exactement comment Rasoulof a quitté l’Iran. On sait que des dissidents qui se sentent menacés par les autorités de la république islamique cherchent à traverser la frontière terrestre montagneuse avec la Turquie pour rejoindre l’Europe.
Rasoulof est une cible du régime autoritaire depuis des années, et le moment choisi pour sa récente condamnation semble être une tentative de faire pression sur le Festival de Cannes pour qu’il retire le film du festival.
Rasoulof n’a pas le droit de quitter l’Iran depuis 2017. Il a purgé une peine de prison de juillet 2022 à février 2023 et a été libéré prématurément en raison de l’amnistie générale accordée à des milliers de prisonniers en Iran à la suite de manifestations généralisées. Peu de temps après sa libération, il a été informé qu’une nouvelle affaire avait été ouverte contre lui, cette fois à propos de son film. Il n’y a pas de mal (2020) qui, en son absence forcée, a remporté l’Ours d’or au Festival international du film de Berlin.
Rasoulof n’est pas étranger à Cannes pour avoir projeté Au revoir (2011), Les manuscrits ne brûlent pas (2013) et Un homme intègre (2017) au festival. Tous ses films portent un regard critique sur les conséquences de la vie sous un régime autoritaire.
L’identité des acteurs et de l’équipe ainsi que les détails de l’intrigue et du scénario de La graine de la figue sacrée ont été gardées secrètes en raison des craintes de représailles de la part du régime iranien.
Voici la déclaration complète de Rasoulof :
Le Festival de Cannes commence aujourd’hui (mardi 14 mai). Le film de Rasoulof, La graine de la figue sacréepremières le vendredi 24 mai.