En Italie, le café n’est pas seulement une boisson, c’est une institution, presque un patrimoine culturel partagé par toute une nation. Alors quand un consommateur estime qu’on touche à ce rituel sacré en lui faisant payer trop cher son expresso, il n’hésite pas à faire appel… aux forces de l’ordre. Une scène qui peut sembler anecdotique, mais qui révèle en réalité l’attachement profond des Italiens à ce symbole de leur quotidien.
Une addition qui déclenche une intervention policière

L’affaire se déroule à Florence, en mai 2022, dans un café du centre-ville. Un client commande un décaféiné et, au moment de régler, découvre qu’il coûte deux euros. Le prix lui paraît excessif : il interpelle le gérant, puis décide d’aller plus loin et appelle la police.
Après vérification, les agents constatent que le tarif n’était pas clairement affiché derrière le comptoir. Résultat : une amende de 1 000 euros infligée à l’établissement. Le propriétaire, abasourdi, raconte la mésaventure dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Le prix de l’expresso, un sujet sensible en Italie
Si la situation peut prêter à sourire, elle soulève une question culturelle et économique bien réelle. En Italie, le café est la boisson la plus consommée, avec près de 30 millions d’expressos servis chaque jour. Traditionnellement, un expresso coûte autour d’un euro. Ce prix, longtemps considéré comme immuable, fait partie des habitudes de consommation et de l’identité collective.
Le fait de payer le double du tarif habituel a donc déclenché la réaction outrée du client. Pour certains Italiens, toucher au prix du café, c’est toucher à une valeur presque symbolique, que le pays a même proposé d’inscrire au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Inflation et tensions sur le marché du café
Au-delà du symbole, cette affaire s’inscrit dans un contexte économique marqué par une inflation galopante (+6,2 % en avril 2022) et par des difficultés d’approvisionnement liées aux aléas climatiques et géopolitiques. Selon des associations de consommateurs italiennes, le prix de l’expresso pourrait atteindre 1,50 € en moyenne dans les prochains mois.
Pour certains professionnels, comme le gérant du café florentin sanctionné, il n’est plus réaliste de s’indigner face à un tarif à 2 € ou davantage. Le marché mondial du café, soumis à de mauvaises récoltes et à une demande croissante, entraîne mécaniquement une hausse des prix.
Entre tradition et adaptation
Ce différend entre un client et un cafetier illustre en réalité une tension plus large : comment concilier l’attachement culturel au café bon marché et les contraintes économiques actuelles ? Pour les consommateurs italiens, habitués à un prix stable depuis des décennies, chaque hausse est perçue comme une rupture dans leur quotidien. Pour les cafetiers, elle reflète une simple adaptation à la réalité des coûts.
En Italie, le café reste une affaire sérieuse. Et si l’anecdote de Florence prête à sourire, elle révèle un enjeu plus profond : le café n’est pas seulement un produit, mais un symbole de convivialité, de tradition et d’identité nationale. Dès lors, son prix, plus qu’une question de commerce, devient un sujet de société.



