Abus sexuels sur enfants : les délais de poursuite sont fragmentés dans l’UE

Jean Delaunay

Abus sexuels sur enfants : les délais de poursuite sont fragmentés dans l’UE

Un nouveau rapport accablant appelle tous les États membres de l’UE à annuler, ou au moins à prolonger, les délais de prescription pour les délits sexuels sur enfants.

Une « loterie des codes postaux ». C’est ainsi que les organisations d’aide aux enfants décrivent l’accès à la justice pour les infractions d’abus sexuels dans l’UE.

Les abus sexuels sur enfants sont répandus dans tout le bloc, avec un enfant sur cinq concerné. Pour de nombreux survivants, s’exprimer peut prendre des décennies.

Les victimes déposent leur plainte pénale à l’âge de 52 ans en moyenne, si elles choisissent de le divulguer, selon un nouveau rapport conjoint de Brave Movement et Child Global.

Cela signifie que le temps de la justice pourrait déjà être écoulé lorsqu’ils se manifesteront, car le délai de prescription (SOL) a expiré, leur interdisant de porter plainte.

Quels pays ont les délais de prescription les plus longs ?

Le tableau législatif à travers le bloc est extrêmement fragmenté. Quelques pays ont complètement supprimé les délais SOL pour la plupart des infractions sexuelles sur des enfants, tandis qu’ailleurs, il n’y a pas de délai de grâce et le délai commence à s’écouler à partir du moment où le crime est commis.

Dans des pays comme la Belgique, la Hongrie, Chypre, les Pays-Bas, l’Irlande et le Danemark, les délais de prescription ont été abolis pour la plupart, sinon la totalité, des cas d’abus sexuels sur des enfants.

D’autres, comme l’Autriche, la Croatie, l’Estonie, la Lettonie, le Luxembourg, la Pologne, la Slovénie, la Suède et la Roumanie, ne l’ont supprimé que pour les infractions les plus graves et l’ont conservé pour les autres.

Par exemple, en Slovénie, le délai de prescription pour le toilettage n’est que de six ans. De même, la Roumanie dispose d’un SOL pour le toilettage ainsi que le harcèlement sexuel.

Dans le reste de l’UE, les délais de prescription s’appliquent toujours à toutes les infractions. Toutefois, dans certains de ces pays, le compte à rebours ne commence que lorsque la victime atteint l’âge adulte.

En Allemagne, les crimes les plus graves peuvent être poursuivis jusqu’à l’âge de 60 ans. En Espagne, la limite est de 55 ans, en France de 48 ans et en Italie de 46 ans.

Où les victimes sont-elles confrontées à la plus grande pression de temps pour porter plainte ?

Le rapport classe les pays comme la Finlande, la Bulgarie, la Lituanie et la Slovaquie comme étant les moins sûrs en ce sens, avec les délais les plus courts pour que les survivants portent plainte.

Par exemple, en Finlande, le SOL est de 20 ans à compter de la date du crime allégué, bien que pour la plupart des infractions, la loi stipule que le droit de porter plainte ne peut pas expirer avant que la victime ait 28 ans, et il peut s’étendre jusqu’à un âge maximum de 38 ans, si, par exemple, la survivante a subi l’abus à 17 ans.

La Lituanie a un délai de prescription de 25 ans pour les délits les plus graves, et des délais de prescription intermédiaires de 15, 12 et huit ans, avec un minimum de sept ans. Quoi qu’il en soit, le délai de prescription en Lituanie ne peut pas expirer avant que la victime n’ait 25 ans.

En Bulgarie, la durée maximale du SOT est de 20 ans et, contrairement à la Finlande, à la Lituanie et à la Slovaquie, il n’y a pas d’âge minimum avant l’expiration du droit de porter plainte.

Ainsi, par exemple, si une personne est maltraitée à l’âge de trois ans, elle perdra le droit de déposer une plainte à l’âge de 24 ans.

Les organisations de défense des droits de l’enfant réclament un minimum de 35 ans pour le SOL

« En raison de la liberté de circulation, l’existence de refuges pour les auteurs d’abus sexuels sur enfants dans certains pays de l’UE génère un risque pour tous les pays de l’UE », prévient le rapport.

Les propositions visant à abolir ou à étendre considérablement les SOL ont obtenu un large consensus parmi les États membres de l’UE lors de la réunion du comité de Lanzarote en juin 2024 à Strasbourg, comme en témoigne la résolution finale.

« Le Comité a convenu que la suppression des délais de prescription, même si elle n’est pas explicitement exigée par la Convention de Lanzarote, constitue un moyen efficace de garantir un délai suffisant pour engager une procédure », indique le texte.

Brave Movement et Child Global affirment qu’« à tout le moins, l’UE devrait accepter un délai de prescription minimum de 35 ans pour toutes les infractions à partir de l’âge de la majorité », ce qui signifie que le droit à la justice n’expirerait qu’à l’âge de 53 ans.

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