Bastien

3000 ans avant les Vikings : la vérité cachée sur les casques à cornes enfin révélée

Imaginez un guerrier viking armé jusqu’aux dents, une barbe hirsute et, bien sûr, un casque à cornes fièrement vissé sur la tête. Cette icône nous accompagne depuis des siècles dans l’imaginaire collectif. Mais… et si tout cela n’était qu’un gigantesque malentendu historique ? Grâce à de récentes études, la science vient tout bouleverser sur cette affaire de cornes et de fiers nordiques. Accrochez-vous à votre drakkar, le mythe s’effondre !

Des casques, oui, mais bien avant les Vikings

Tout commence en 1942, près de la ville de Viksø, au Danemark. Des archéologues mettent au jour des casques en bronze ornés de superbes cornes incurvées, très semblables à celles d’un taureau, décorés de reliefs qui évoquent des yeux et un bec. De quoi alimenter toutes les théories les plus délirantes sur l’équipement des légendaires Vikings… Sauf que, selon une étude publiée dans Praehistorische Zeitschrift, c’est le contresens total !

« Pendant de nombreuses années, les casques de Viksø ont été associés aux Vikings dans la culture populaire. Mais c’est en réalité un non-sens », explique Helle Vandkilde, archéologue à l’université d’Aarhus et première auteure du rapport. L’analyse des objets en question révèle en effet qu’ils sont vieux de près de trois millénaires. Ils auraient été déposés dans le marais autour de 900 avant notre ère, des siècles avant la période viking. Autrement dit, les premiers Vikings n’étaient même pas encore en germe dans les sociétés scandinaves !

Jan Bill, professeur d’archéologie viking à Oslo, enfonce le clou : « Aucun des quelques casques retrouvés datant de l’âge des Vikings ou des siècles précédents n’a de cornes. » Le fameux casque à cornes viking ? Une invention romantique du XIX‑ème siècle…

Une symbolique beaucoup plus ancienne

Alors, ces cornes, elles sortaient d’où ? Helle Vandkilde souligne que le thème n’est pas scandinave à l’origine, mais plonge ses racines dans l’âge du bronze, voire jusqu’au Proche-Orient antique. Leur nouvelle datation replace les casques dans la seconde moitié de l’âge du bronze nordique, à une époque où les échanges de métaux et d’objets circulaient librement entre l’Europe méditerranéenne et le Nord. Les idées aussi voyageaient – et les casques à cornes n’ont pas fait exception !

  • Les scientifiques ont comparé les casques de Viksø à d’autres objets de la même période trouvés en Scandinavie, dans la péninsule ibérique et en Sardaigne.
  • Résultat : de nombreux points communs dans la forme des cornes, mais aussi dans la portée symbolique de ces couvre-chefs.

Dans ces trois régions, le casque à cornes apparaît comme un symbole de pouvoir, de domination, voire de divinité… et non d’un quelconque guerrier sanguinaire !

Du soleil, du pouvoir – mais pas de champ de bataille

Les cornes, ainsi que les yeux et le bec qui ornent ces casques, pourraient référencer le culte du soleil – une interprétation à laquelle penchent les spécialistes. Des iconographies similaires ont d’ailleurs fleuri un peu partout sur le continent durant l’âge du bronze, en Sardaigne et dans la péninsule ibérique notamment. « Ce n’est certainement pas un hasard, il y a une forme de connexion », résume Helle Vandkilde.

Question cruciale : ces casques ont-ils été conçus pour la bagarre, la vraie ? Que nenni ! Rien n’indique qu’ils aient servi lors de combats. Bien au contraire, l’archéologue précise même que les guerriers de l’âge du bronze, pour la plupart, combattaient la tête nue ou coiffés de modèles bien plus rudimentaires. Non, ces somptueuses parures étaient sans doute portées par des chefs, jouant le rôle de symboles d’autorité dans une société en pleine centralisation du pouvoir politique.

Pour Helle Vandkilde, toute la datation et le contexte vont dans ce sens : « Ces chefs devaient certainement utiliser les croyances religieuses et des symboles innovants, comme les cornes, pour affirmer leur pouvoir. »

La vraie leçon derrière le mythe

En somme, les casques à cornes n’ont rien à voir avec les Vikings. Ils sont comme ce tonton qui dit avoir vu Johnny Hallyday au supermarché : on voudrait croire à la légende, mais la réalité est toute autre. Entre héritages du bronze, connexions commerciales méditerranéennes et culte solaire, ces objets fascinent par la richesse de leur symbolique et la complexité du monde qui les a vus naître.

La prochaine fois que vous croiserez un viking de carnaval et son casque à cornes, glissez-lui donc ce petit secret d’historien averti. Et surtout, n’oubliez pas : les Vikings n’avaient pas besoin de cornes pour imposer le respect… leur histoire suffit amplement.

Laisser un commentaire

1 × 1 =