Vestager:

Jean Delaunay

Vestager : « Une Commission équilibrée entre les sexes peut accomplir un travail sans précédent »

La Danoise Margrethe Vestager a été l’une des forces motrices de la politique de la Commission européenne, notamment dans son rôle de commissaire à la concurrence. Elle s’est entretenue avec Global Conversation avant de passer le relais.

Margrethe Vestager est l’une des personnalités les plus puissantes de l’Union européenne. La vice-présidente exécutive de la Commission européenne est connue pour avoir infligé des amendes de plusieurs milliards d’euros aux géants américains de la technologie, ce qui lui a valu le surnom de « la dame des impôts » par l’ancien président américain Donald Trump. La Danoise fera bientôt ses adieux à Bruxelles après avoir été en charge des politiques de concurrence et du numérique pendant près de dix ans. Pour L’Observatoire de l’Europe Witness, Maïa de La Baume s’est entretenue avec elle sur son mandat et les grands défis auxquels l’Union européenne est confrontée aujourd’hui et à l’avenir.

Parmi ces objectifs figurera une plus grande représentation des femmes au Parlement et à la Commission, qui a reculé depuis les élections de juin. Vestager décrit cela comme une « démonstration du manque d’efforts en matière d’égalité des chances et d’équilibre entre les sexes », mais elle félicite la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, d’avoir fait pression sur les États membres pour qu’ils en fassent davantage : « Chaque Premier ministre dirait qu’il a formé son propre gouvernement. Elle ne demande qu’un choix entre deux personnes. Et je trouve vraiment dommage que les États membres ne donnent pas suite et ne lui donnent pas cette opportunité de créer la meilleure Commission possible et de la rendre équilibrée entre les sexes, car nous faisions des progrès. Nous montrions également visuellement qu’une Commission équilibrée entre les sexes est capable de faire un travail sans précédent, comme nous l’avons fait au cours de ce mandat sous la direction d’Ursula von der Leyen », dit-elle.

Même si le gouvernement peut être hostile à certains efforts, vous savez, c’est la loi. Et nous sommes un syndicat fondé sur l’État de droit.

Margrethe Vestage

Vice-président exécutif de la Commission européenne

Extrême droite contre État de droit

Limiter l’impact de l’extrême droite sur l’État de droit dans l’UE devrait également être une priorité pour les politiciens pro-institutions, après les gains importants des partis nationalistes radicaux lors des dernières élections européennes, estime Vestager. « Ce qui est bien dans la situation actuelle, c’est que nous avons la législation en place », dit-elle. « Nous avons une législation très solide, à la fois la loi sur les marchés numériques, pour garantir que le marché est ouvert et équitable, et la loi sur les services, pour garantir que les services sont sûrs tout en préservant la liberté d’expression. Et je pense que l’équilibre important est que ces deux lois ont été respectées ici. Donc, même si le gouvernement peut être hostile à certains de ces efforts, vous savez, c’est la loi. Et nous sommes une Union fondée sur l’État de droit. Je pense donc qu’il sera très, très difficile, vous savez, d’infléchir la voie que nous avons suivie pour nous assurer que les services soient réellement des services et non quelque chose dont on devient accro, qui rend la vie difficile ou qui est utilisé pour saper notre démocratie. »

Défis futurs

Vestager reconnaît également les défis que représentent les grandes technologies et l’intelligence artificielle pour la démocratie et la société en général. Elle donne ce conseil à la personne qui la remplacera à la tête de la Commission européenne : « Je ne suis pas avocate spécialisée dans la concurrence, j’ai une formation d’économiste et j’ai travaillé en politique pendant la majeure partie de ma vie. J’ai essayé de ne pas être trop effrayée ou trop impressionnée par tous les avocats intelligents qui m’entourent, mais de faire pression pour obtenir des choses que je trouve vraiment importantes. Le marché est convaincu que la technologie sert les consommateurs et non l’inverse. Ce marché doit être ouvert et contestable, car si vous parlez une langue que vous pouvez comprendre vous-même, alors très souvent les gens peuvent aussi la comprendre et ils vous soutiendront dans vos efforts pour vous assurer que nous, en tant que consommateurs, sommes bien servis par le marché. »

Cliquez sur le lien ci-dessus pour regarder l’interview dans son intégralité.

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