Une case à cocher pour continuer l’aventure ou une porte de sortie immédiate avec compensation : voilà le dilemme posé aux salariés de Twitter. À peine installé à la tête de la plateforme, Elon Musk impose sa méthode radicale, au risque de précipiter le réseau dans une crise humaine et stratégique d’ampleur.
« À fond, à l’extrême » : une vision sans compromis
Dans un message interne envoyé aux équipes, Elon Musk n’a laissé que deux options à ses employés : s’engager totalement, ou quitter l’entreprise. Pour ceux qui choisiraient la première voie, l’exigence est claire : « longues heures à haute intensité », performances d’exception, et une implication totale dans la transformation de l’entreprise en un « Twitter 2.0 révolutionnaire ». Une promesse autant qu’un avertissement. Pour les autres, ceux qui refuseraient de cliquer sur le bouton « oui » avant jeudi 17 novembre à 17h, la sortie est immédiate, avec une indemnité équivalente à trois mois de salaire.
Un management de rupture dans un climat déjà explosif
Cette nouvelle exigence intervient dans un contexte de turbulences internes sans précédent. Depuis son arrivée à la tête du réseau social fin octobre, Elon Musk a limogé la majorité des cadres dirigeants et supprimé environ 50 % des 7 500 postes. Il s’est entouré d’ingénieurs de Tesla pour évaluer les performances de ses nouveaux collaborateurs. Une stratégie de rupture totale, qui laisse entrevoir une volonté de restructuration profonde et rapide de l’entreprise.
Lors d’une audience judiciaire liée à sa rémunération chez Tesla, Elon Musk a précisé que cette réorganisation interne de Twitter devrait être bouclée dans les jours suivants. Il a également affirmé vouloir réduire son implication directe dans l’entreprise une fois cette phase critique terminée, en déléguant la direction à un tiers.
Marché inquiet, annonceurs en retrait, salariés sous pression
Cette gestion brutale n’est pas sans conséquences. Sur le plan économique, plusieurs annonceurs majeurs ont suspendu leurs campagnes sur la plateforme, privant Twitter de sa principale source de revenus. Les craintes autour d’une éventuelle faillite à court terme ont été relayées en interne par Elon Musk lui-même, qui alerte sur la nécessité urgente de générer du chiffre d’affaires.
Du côté de Tesla, les investisseurs s’inquiètent. Dan Ives, analyste chez Wedbush, estime que le comportement du dirigeant nuit à la réputation de l’entreprise automobile. Il a salué l’annonce d’un futur retrait d’Elon Musk de la direction de Twitter comme « une excellente nouvelle », appelant à mettre fin à ce qu’il qualifie de « cirque ».
Répression des critiques internes, liberté d’expression à géométrie variable
Dans un contexte déjà tendu, plusieurs ingénieurs ont été licenciés pour avoir exprimé des critiques à l’égard du nouveau management, que ce soit sur Twitter ou via les canaux internes. Elon Musk n’a pas hésité à ironiser publiquement sur ces départs forcés : « Je voudrais présenter mes excuses pour avoir viré ces génies. Leur immense talent sera sans aucun doute très utile ailleurs », a-t-il tweeté, non sans sarcasme. Une déclaration qui interroge, venant de celui qui se présente comme un défenseur acharné de la liberté d’expression.
Conclusion
En posant un ultimatum aussi abrupt, Elon Musk renforce l’image d’un dirigeant à la méthode brutale, prêt à sacrifier la stabilité sociale de l’entreprise au nom de l’efficacité extrême. Reste à voir si ce pari risqué aboutira à un renouveau stratégique de Twitter ou précipitera davantage encore sa désorganisation interne et sa perte de crédibilité externe. Une certitude : jamais l’avenir d’un réseau social d’une telle ampleur n’aura été autant suspendu à un simple clic.



