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“Tout est trop injuste” : le syndrome de Calimero enfin expliqué par des experts

“Tout est trop injuste” : le syndrome de Calimero enfin expliqué par des experts

Qui, dans un élan de nostalgie, ne se souvient pas de ce petit poussin noir coiffé d’une coquille d’œuf fissurée, l’air absolument dépité, qui répétait à qui voulait l’entendre : « C’est vraiment trop injuste ! » ? Calimero, héros italien né dans les années 1960, n’a pas seulement marqué les esprits : il est aussi, aujourd’hui, à l’origine d’un véritable phénomène psychologique analysé par les experts. Eh oui, le monde de la psy n’échappe pas à la mode des surnoms évocateurs.

Le syndrome de Calimero : de la télé à la psychologie

Si Calimero collectionnait les coups du sort avec un talent indéniable, son héritage va bien au-delà du simple dessin animé. Le « syndrome de Calimero » s’est fait une place dans la langue de bois psy. Le docteur en psychopathologie Saverio Tomasella, auteur de Le Syndrome de Calimero (Le Livre de Poche), en livre la définition : il s’agit de la tendance à se plaindre. Plus précisément, c’est « le besoin d’exprimer ce qui ne va pas, notamment les injustices dont on souffre ou dont souffrent les autres ».

Inutile de fouiller bien loin : qui n’a jamais ressenti ce besoin irrépressible de râler, ne serait-ce qu’une fois ? Certains y verront un art de vivre… mais Calimero, lui, en avait fait un mode d’être.

Pourquoi se plaindre fait-il du bien ?

Tel l’oisillon malchanceux, nous sommes nombreux à succomber à la tentation de la lamentation. Et la vie ne manque pas de sujets pour exercer notre fibre plaintive :

  • La météo maussade qui refuse de nous offrir un rayon de soleil
  • La politique, inépuisable source de gémissements
  • Ce rhume inopiné qui choisit toujours les mauvais moments
  • La misère dans le monde, pour relativiser nos petits tracas
  • Le temps qui file trop vite (et oui, lundi c’était hier… ou presque)
  • Le manque de reconnaissance au travail, de bienveillance en famille
  • La vie chère, les courses qui coûtent un bras
  • Les kilos en trop qui s’invitent sans demander la permission

En somme, injuste, trop injuste. Il faut croire que la plainte a de beaux jours devant elle ! Mais alors, à quoi sert réellement ce comportement ?

Pour certains, la plainte est un appel à la validation de leur entourage. On espère ainsi trouver une oreille attentive, voire compatissante, afin de soulager la pression. D’autres, selon l’analyse, attendent rarement des conseils ou des solutions concrètes : la résolution du problème équivaudrait à la fin de la plainte. Et changer sa façon d’être dans le monde, voilà qui demande bien plus d’effort que de ronchonner, reconnaissons-le.

Plainte ou stratégie sociale ?

On en arrive à s’interroger sur cette mécanique : se plaindre, est-ce une habitude, un automatisme, voire une stratégie inconsciente pour garder l’attention sur soi ? Il semblerait que pour les adeptes du « syndrome de Calimero », la dynamique tourne souvent en boucle.

  • On partage ses frustrations
  • On récolte (parfois) de la sympathie
  • On n’écoute pas vraiment les conseils
  • On garde son identité de « Calimero moderne »

Cela conduit à une véritable posture existentielle où la plainte devient une sorte de signature. Résoudre le problème provoquerait la disparition de ce rôle de victime… trop risqué pour certains !

En définitive, si la tentation est grande d’imiter Calimero, un brin de recul ne fait jamais de mal. Exprimer ses difficultés, oui, mais pourquoi ne pas tester aussi la gratitude, la dérision, ou même – soyons fous – l’optimisme ? Après tout, même les coquilles d’œuf cassées peuvent parfois laisser passer la lumière.

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