Tesla condamnée à verser 242 millions après un accident mortel lié à l’Autopilot

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Tesla condamnée à verser 242 millions après un accident mortel lié à l’Autopilot

Le développement de l’intelligence artificielle embarquée dans les véhicules soulève de nombreuses questions juridiques, éthiques et techniques. Le verdict rendu par un tribunal civil fédéral de Miami marque un tournant : pour la première fois, Tesla est jugée partiellement responsable d’un accident mortel impliquant son système de conduite assistée, Autopilot. Un signal fort pour l’industrie automobile, à l’heure où l’autonomie des véhicules reste au cœur des enjeux de sécurité routière.

Un drame survenu en Floride, une décision historique

L’affaire remonte au 25 avril 2019. Ce jour-là, à Key Largo (Floride), un SUV Chevrolet Tahoe transportant Naibel Benavides Leon et son compagnon Dillon Angulo est violemment percuté par une Tesla Model S équipée de la fonction Autopilot. Le choc est d’une rare intensité : la jeune femme, âgée de 22 ans, est projetée sur plusieurs dizaines de mètres. Elle ne survivra pas à ses blessures. Son compagnon, blessé, ne bénéficie d’aucune information publique sur son état de santé à ce stade.

La plainte, déposée deux ans plus tard, en avril 2021, visait directement Tesla, accusée de défaillance de son système d’assistance à la conduite. Après plusieurs jours d’audiences, les huit membres du jury populaire ont statué : le constructeur est partiellement responsable du drame. Résultat, une indemnisation totale de 328 millions de dollars a été accordée aux plaignants, dont 242 millions à la charge de Tesla.

Autopilot en question : quelles limites techniques ?

Le cœur du débat : la capacité du système Autopilot à détecter et éviter des obstacles ou véhicules dans des situations réelles. Selon les éléments du dossier, le dispositif n’aurait pas repéré à temps le SUV en travers de la chaussée. C’est cette défaillance présumée qui a conduit le jury à reconnaître une part de responsabilité de Tesla.

Pourtant, le constructeur conteste fermement cette lecture des faits. Il argue que l’accident est dû à une série de fautes du conducteur de la Tesla : excès de vitesse, désactivation volontaire de l’Autopilot par pression sur l’accélérateur, et inattention liée à la récupération d’un téléphone tombé dans l’habitacle.

Tesla dénonce également des irrégularités dans la procédure judiciaire, évoquant une série d’ »erreurs juridiques » qui entacheraient la validité du verdict. Le groupe a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel, insistant sur le fait qu’aucun véhicule, en 2019 comme aujourd’hui, n’aurait pu éviter cet accident dans de telles circonstances.

Vers une redéfinition de la responsabilité automobile ?

Ce jugement soulève une question centrale : à partir de quel niveau d’autonomie un constructeur peut-il être tenu responsable du comportement de son véhicule ? Si Tesla n’est pas reconnue comme seule fautive, le fait qu’une part de responsabilité lui soit attribuée ouvre la voie à d’autres contentieux similaires. Une évolution qui pourrait bien remodeler en profondeur le droit de la responsabilité civile dans le secteur automobile.

Pour les proches des victimes, c’est la reconnaissance d’une faille systémique. Pour Tesla, c’est un précédent dangereux qui pourrait freiner l’innovation en matière de conduite assistée. L’affaire ne fait que commencer sur le plan judiciaire, mais elle marque un tournant symbolique pour l’ensemble de l’industrie.

À mesure que les véhicules deviennent plus intelligents, les lignes de partage entre responsabilité humaine et technologique deviennent floues. Et chaque accident, chaque jugement, participe à dessiner les contours d’une nouvelle ère juridique, où la machine ne sera plus seulement un outil, mais potentiellement un acteur devant répondre de ses limites.

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