FILE - French President Emmanuel Macron, left, shakes hands with Serbian President Aleksandar Vucic in Belgrade, Serbia, Thursday, Aug. 29, 2024.

Jean Delaunay

Sous le feu à la maison, le président serbe Vučić obtient un soutien silencieux mais stratégique de la France

La visite d’Aleksandar Vučić survient au milieu des manifestations nationales sans précédent contre son gouvernement.

Le président français Emmanuel Macron a rencontré mercredi son homologue serbe Aleksandar Vučić à Paris pour un déjeuner de travail discret, à un moment où Vučic fait face à une pression politique croissante à la maison.

L’élysée n’a initialement offert aucune communication officielle sur la réunion, y compris les sujets abordés.

Mais quelques heures plus tard, Macron s’est rendu sur la plate-forme de médias sociaux X pour partager les principaux plats à retenir de leur « long échange ».

« J’ai d’abord réitéré l’importance que la France attache au destin démocratique et européen de la Serbie », a posté Macron.

Il a exprimé sa confiance dans la capacité de la Serbie à «retourner sur la voie du dialogue» et a appelé le futur gouvernement à poursuivre «les réformes attendues» et à s’appuyer sur les récents progrès économiques du pays.

La visite intervient au milieu de manifestations anti-gouvernementales massives en Serbie. Les manifestants ont accusé le gouvernement de corruption et de violence de Vučić.

Pendant ce temps, un groupe d’environ 100 étudiants serbes fait actuellement du vélo au Parlement européen à Strasbourg, qui devrait arriver la semaine prochaine, pour alerter les autorités de l’UE de la situation dans leur pays.

De nombreux étudiants serbes estiment qu’ils n’ont pas reçu suffisamment de soutien de l’Union européenne, malgré un grand soutien à la maison.

Les manifestations ont été déclenchées par la mort de 16 personnes dans un effondrement de la canopée de la gare mortelle en novembre.

L’incident a été blâmé à la corruption rampante, et il a servi à concentrer un mécontentement plus large avec la règle populiste de Vučić en Serbie.

Grands intérêts économiques pour la France

Malgré les turbulences politiques, la France a de grands intérêts économiques en Serbie.

L’été dernier, Belgrade a acheté 12 avions de chasse Rafale français pour la somme modeste de 3 milliards d’euros.

Vučić a confirmé mercredi aux journalistes que la Serbie paierait son deuxième épisode de plus de 400 millions d’euros jeudi.

La déclaration de Macron sur les réseaux sociaux a également confirmé la participation de la France à l’Expo 2027 à Belgrade – une démonstration claire de soutien à Vučić.

La France est également impliquée dans des projets d’infrastructures et d’énergie plus larges en Serbie. La société française Vinci exploite l’aéroport de Belgrade et Michelin fabrique des pneus dans le pays. On parle également de la France qui aide la Serbie à construire des centrales nucléaires.

Un autre problème clé qui était sur la table mercredi est les tarifs de Donald Trump.

La Serbie a été la plus durement touchée dans la région avec 34% de tarifs – plus élevés que les 20% imposés à l’UE – créant une pression sur les parties prenantes françaises.

Stabilité régionale sur la table

Macron a déclaré que les deux dirigeants avaient discuté de la Bosnie-Herzégovine, soulignant le «soutien indéfectible de la France à l’unité de ce pays» et condamnant toute action qui menacerait son ordre constitutionnel.

Les tensions ont grimpé après la condamnation du mois dernier à l’égard du chef serbe bosniaque Milorad Dodik, un proche allié politique de Vučić.

Dodik a été condamné à un an de prison et interdit de occuper des fonctions publiques pendant six ans par la Cour d’État pour avoir refusé d’accepter les décisions du haut représentant international supervisant l’accord de paix dans ce pays balkanique divisé.

Le chef français a également réitéré l’engagement de la France à la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo – l’appelant «une condition essentielle» pour les aspirations de l’UE des deux pays.

Belgrade ne reconnaît pas la souveraineté de Pristina, qui a déclaré l’indépendance en 2008. De nombreuses tentatives d’apaisement et de dialogue dirigées par Bruxelles ont échoué ces dernières années.

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