A Greenpeace activist wears a mouse mask in front of a banner opposing genetically modified food, outside the European Council building in Brussels. 2005

Jean Delaunay

Que sont les NGT et pourquoi suscitent-ils tant de controverses au sein de l’UE ?

Le Parlement européen a voté en faveur d’une réglementation plus assouplie pour l’utilisation des nouvelles techniques génomiques (NGT) sur les plantes. Une décision qui a déclenché de vifs débats. Mais que sont exactement les NGT ?

Le Parlement européen cherche à exempter certaines variétés végétales des règles strictes régissant les nouvelles techniques génomiques (NGT). La méthode est actuellement soumise à une réglementation similaire à celle utilisée pour les organismes génétiquement modifiés (OGM).

Alors que les partisans voient cela comme une opportunité de cultiver des graines plus résistantes, les critiques ont exprimé leurs inquiétudes quant aux risques potentiels associés à cette technique.

Les NGT sont prometteurs pour la création de variétés végétales résistantes à la sécheresse, aux ravageurs et aux maladies. Mais quelles sont exactement ces techniques ? Le professeur Bendahmane, directeur de recherche INRAE ​​à l’ENS Lyon, les applique activement aux roses.

« Ces nouvelles technologies nous permettent de cibler les gènes du génome avec une précision chirurgicale, comme si nous utilisions des ciseaux, de manière très précise, sans impacter les autres parties du génome. Et nous pouvons introduire une fonction ou améliorer la fonction souhaitée. le gain de temps est conséquent et il l’est d’autant plus car il est plus précis et nous ne ciblerons que la partie que nous souhaitons améliorer. » il expliqua.

« La recherche sur les roses met non seulement en lumière leurs réactions à la température, ce qui profite à la culture des roses ornementales et cosmétiques, mais elle fournit également des informations précieuses sur d’autres plantes, en particulier les arbres fruitiers, qui sont plus difficiles à étudier », a-t-il ajouté. « De nombreux arbres fruitiers connaissent une floraison plus précoce, ce qui perturbe la pollinisation et entraîne des pertes de récoltes ».

Partout en Europe, cette méthode est actuellement réglementée de la même manière que les OGM. Mais dans quelle mesure les deux techniques se ressemblent-elles ? Georges Freyssinet, président de l’Association française des biotechnologies végétales, précise :

« Ces technologies sont totalement différentes de la méthode que nous utilisions auparavant, car dans la transgenèse, un nouveau gène est introduit, alors que maintenant nous modifions simplement un gène existant ».

« Nous assistons avec le changement climatique à une redistribution des maladies. Les insectes migrent du sud vers le nord et l’augmentation de l’humidité entraîne une recrudescence des infections fongiques. Face à ces changements dans la nature, nous devons réagir plus rapidement. Ces technologies , qui accélèrent la recherche et le développement, devraient nous permettre de développer des plantes capables de s’adapter aux variations futures.

Mais certains agriculteurs considèrent ces plantes modifiées par le NGT comme potentiellement nocives pour l’agriculture.

Christian Foilleret, ancien agriculteur et militant de l’association Faucheurs Volontaires, partage ce point de vue. « Les NGT font partie de mes préoccupations et de celles de la Confédération rurale. Si cela se concrétise, c’est une préoccupation majeure, car cela créerait un précédent en matière de brevetage des êtres vivants, avec de nombreux abus potentiels. Nous nous dirigerons vers une agriculture encore plus productiviste et capitaliste ».

Mais quelles solutions existent pour l’agriculture dans un monde qui se réchauffe ?

« Il existe aujourd’hui des approches alternatives. Sur mon exploitation, je privilégie la maîtrise des techniques existantes et leur adaptation à des plantes spécifiques. On ne peut pas cultiver n’importe quelle culture n’importe où, il faut que les plantes soient adaptées à leur environnement », explique Foilleret.  » Nous avons montré des tomates qui prospèrent sans eau. Mais nous continuons à négliger la recherche sur les plantes, au profit de la manipulation génétique. « 

En Europe, au cours des 50 dernières années, les récoltes ont diminué de 30 %, ce qui a conduit certains à réclamer un changement dans la manière de gérer l’agriculture. Cependant, bien que la méthode NGT soit utilisée ailleurs dans le monde, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a mis en garde contre des problèmes de sécurité potentiels liés à son application.

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