Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé la création d’un établissement pénitentiaire en Guyane spécifiquement destiné à accueillir les narcotrafiquants les plus dangereux de France. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de lutte renforcée contre le trafic de drogue, en particulier dans les zones transfrontalières.
Les principales informations :
- Prison située à Saint-Laurent-du-Maroni
- 500 places de prison
- 60 places en quartier de très haute sécurité
- Un quartier pour les détenus radicalisés / fichés S
- Ouverture en 2028
- Chantier de 400 millions d’euros
Lors de sa visite en Guyane du 17 au 19 mai 2025, Darmanin a souligné l’importance de ce projet pour désengorger les prisons métropolitaines et renforcer la sécurité dans les territoires ultramarins. La Guyane, en raison de sa position géographique stratégique, est particulièrement exposée aux flux de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud. Chaque semaine, des « mules » brésiliennes sont arrêtées à l’aéroport de Cayenne, transportant des capsules de drogue dans leur corps. Actuellement, environ 500 ressortissants brésiliens sont incarcérés dans les prisons françaises, notamment en Guyane, un chiffre en constante augmentation.
Le projet de construction de cette prison s’inscrit également dans une volonté de coopération renforcée avec le Brésil. Darmanin a également entamé des négociations avec son homologue brésilien, Ricardo Lewandowski, pour permettre le transfèrement de détenus brésiliens vers leur pays d’origine. Cette mesure vise à limiter le coût pour les contribuables français et à désengorger les établissements pénitentiaires.
La future prison, dont l’emplacement exact n’a pas encore été dévoilé, devrait être construite à l’aide de structures préfabriquées, permettant une réalisation rapide et économique. Cette approche a été justifiée par Darmanin comme étant « deux fois moins chère, trois fois plus rapide ».
Cependant, ce projet suscite des inquiétudes parmi les défenseurs des droits des détenus. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté a exprimé des réserves quant à l’isolement prolongé des détenus, le qualifiant de « fabrique des fous » potentielle.
Cette annonce intervient dans un contexte de tensions accrues autour de la politique pénitentiaire en France. En avril 2025, des attaques coordonnées contre plusieurs prisons ont été revendiquées par le groupe « Défense des droits des prisonniers français » (DDPF), dénonçant la surpopulation carcérale et les conditions de détention. Ces événements ont mis en lumière les défis auxquels est confronté le système pénitentiaire français et la nécessité de réformes structurelles.
La construction de cette prison en Guyane représente une étape majeure dans la politique de lutte contre le narcotrafic du gouvernement français. Elle soulève néanmoins des questions sur les conditions de détention et le respect des droits fondamentaux des détenus. Le débat public autour de cette initiative promet d’être animé dans les mois à venir.