Près de la moitié des espèces du monde connaissent un déclin rapide de leur population, selon une étude

Jean Delaunay

Près de la moitié des espèces du monde connaissent un déclin rapide de leur population, selon une étude

De nouvelles recherches ont révélé que les « déclins démographiques soutenus » parmi les populations animales sont plus alarmants qu’on ne le pensait auparavant.

La perte d’animaux sauvages est « l’un des syndromes les plus alarmants des impacts humains », selon un nouvelle étude publiée dans Biological Reviews.

Les chercheurs ont découvert que sur plus de 71 000 espèces qu’ils ont analysées – mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons – 48 % connaissent un déclin de leur population, tandis que 49 % sont stables et seulement 3 % en croissance.

Les découvertes ont brossé « un tableau considérablement plus alarmant » que les estimations de conservation par le Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)indique le rapport.

Les populations d’espèces « non menacées » sont en déclin

L’état de conservation de la faune est traditionnellement surveillé par la Liste rouge de l’UICN qui classe les espèces en fonction de leur degré de danger, telles que quasi menacées, vulnérables, en voie de disparition et autres.

La dernière étude a révélé que 33% des espèces jugées «non menacées» souffrent d’un déclin de leur population, ce qui, selon elle, est «un symptôme d’extinction».

Pourcentage d’espèces par groupe taxonomique (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles, poissons, insectes) qui ont des tendances démographiques décroissantes, stables, croissantes ou inconnues.

Alors que l’UICN indique que 28% des espèces sont menacées, cette liste rouge n’est pas le seul indicateur de risque d’extinction.

Les espèces peuvent être considérées comme « non menacées », mais le fait que leur population diminue peut signifier qu’elles se dirigent vers l’extinction, prévient le rapport.

Bien que faisant écho aux préoccupations exprimées dans l’étude, Craig Hilton-Taylor, responsable de la Liste rouge de l’UICN, a déclaré CNN ses résultats pourraient « exagérer la situation », puisque les données sont collectées sur un large éventail de groupes d’animaux, y compris ceux pour lesquels les données font défaut.

Il insiste sur le fait qu’il s’agit d’une mesure moins robuste que celle de l’UICN qui examine « les tendances des espèces sur des périodes beaucoup plus longues ».

La biodiversité « au bord d’une crise d’extinction »

L’étude souligne que les amphibiens sont particulièrement touchés, soulignant « des lacunes majeures dans notre connaissance des tendances démographiques, notamment pour les poissons et les insectes ».

Lorsque la population d’une espèce tombe trop bas, elle ne peut pas contribuer autant qu’elle le pourrait à l’écosystème, indique le rapport.

Par exemple, la chasse excessive des loutres de mer a permis un boom des oursins mangeurs de varech qui a décimé les forêts de varech dans la mer de Béring, entraînant l’extinction de la vache marine de Steller mangeuse de varech.

« Ralentir le rythme du déclin de la biodiversité doit être une priorité mondiale »

Auteurs de l’étude : Catherine Finn, Florencia Grattarola, Daniel Pincheira-Donoso

Publié dans Biological Reviews : « Plus de perdants que de gagnants : enquête sur la défaunation anthropocène à travers la diversité des tendances démographiques »

La réduction d’une espèce suffit à déséquilibrer l’ensemble de l’écosystème, ce qui a un effet d’entraînement sur d’autres populations qui peut faire boule de neige et provoquer une perturbation à grande échelle.

La transformation de paysages sauvages en zones urbaines ou en terres agricoles est considérée par les scientifiques comme l’un des principaux facteurs de perte de la faune car elle détruit leur habitat naturel. Mais le changement climatique est également un moteur important du déclin des espèces et son impact s’aggrave à mesure que la planète se réchauffe.

Les déclins révélés dans l’étude ont tendance à se concentrer autour des zones tropicales, tandis que la stabilité et les augmentations sont plus susceptibles d’affecter les climats tempérés.

Les politiciens visent « l’objectif minimum »

Visant la préservation de l’habitat, certaines initiatives comme L’objectif « 30 x 30 » de la COP15qui vise à protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030, ont gagné du soutien.

Plus de 100 pays ont accepté cet engagement l’automne dernier.

Les experts de l’UICN affirment que cet objectif est le minimum que les politiciens devraient viser, de nombreuses études appelant à protéger jusqu’à 70%, voire plus, des paysages sauvages.

L’habitat de la faune se détériore dans l’UE, 81 % de l’habitat naturel se trouvant dans un état de conservation « défavorable », selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement sur la période 2013-2018.

Le monde protège actuellement environ 17 % de ses terres et eaux intérieures et moins de 8 % des zones marines et côtières, selon un Rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement sorti en 2021.

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