Pages from the Shein website, left, and from the Temu site, right, are shown in this photo, in New York, Friday, June 23, 2023.

Milos Schmidt

Politique de l’UE. Les gouvernements appellent à réprimer la « fast fashion » avant les élections clés

La France fait partie d’un quatuor de pays de l’UE qui réclament une législation autorisant des prélèvements supplémentaires sur les entreprises de vêtements qui utilisent une stratégie marketing de « mode rapide » bon marché.

L’Autriche, la Finlande, la France et les Pays-Bas ont appelé leurs pairs de l’UE à soutenir des mesures strictes pour lutter contre la tendance au gaspillage des vêtements bon marché et jetables, en permettant aux gouvernements d’imposer des taxes aux entreprises dont la stratégie marketing promeut le consumérisme de la « fast fashion ».

Ils font valoir leurs arguments dans un document de discussion, consulté par L’Observatoire de l’Europe, qui a été diffusé parmi les délégués nationaux avant le sommet du 17 juin où les ministres de l’Environnement doivent adopter leur position sur les propositions visant à limiter les déchets textiles et alimentaires par le biais d’amendements au cadre sur les déchets. Directive (DCE).

« Alors que la quantité de textiles consommée par habitant en Europe a considérablement augmenté ces dernières années, l’utilisation moyenne d’un vêtement a diminué », indique le communiqué commun. « Certaines études estiment même que certains consommateurs jettent leurs vêtements bon marché après sept ou huit utilisations. »

Il cite des estimations selon lesquelles le nombre de vêtements vendus a doublé pour atteindre 100 milliards par an entre 2000 et 2015, reflétant une énorme ponction sur les ressources et une situation où l’industrie représente un cinquième de la pollution mondiale de l’eau et 10 % des émissions de gaz à effet de serre, augmentera à plus d’un quart d’ici 2050 si l’on se base sur les tendances actuelles.

Les pays appellent l’Europe à « saisir l’opportunité » de la réforme en cours de la législation européenne sur la prévention des déchets et du règlement sur l’écoconception adopté le mois dernier pour « introduire dans la législation européenne des mesures concrètes pour lutter contre la pratique commerciale de la mode ultra-rapide ».

Alors que les lois sur l’écoconception visent à rendre les produits plus durables et réparables, la France et ses partenaires soulignent dans leur note que des recherches récentes suggèrent qu’environ un tiers seulement des vêtements sont jetés en raison de l’usure.

Les quatre membres de l’UE appellent à une reconnaissance spécifique de l’impact des stratégies de marketing de la « fast fashion » dans les systèmes de responsabilité élargie des producteurs destinés à faire payer aux entreprises le gâchis qu’elles commettent, et proposent un amendement de dernière minute à la proposition de directive-cadre sur les déchets.

« Les États membres peuvent imposer aux organismes de responsabilité civile de recourir à des modulations de la redevance REP en fonction de la durabilité extrinsèque des produits, comme le nombre de références textiles mises sur le marché et la fréquence de renouvellement des collections textiles couplée à un seuil de volume de produits. par collection », suggèrent-ils.

La militante environnementale Theresa Mörsen, responsable politique de l’ONG Zero Waste Europe basée à Bruxelles, a décrit la déclaration commune et le prochain vote du Conseil de l’UE comme un « moment crucial » dans la lutte contre les textiles jetés et l’épuisement des ressources.

« Ces pays prennent l’initiative de s’attaquer au cœur de la crise : le volume considérable de textiles qui inondent le marché », a déclaré Mörsen. « Le principe du « pollueur-payeur » doit être respecté afin de passer de la simple gestion des déchets à la responsabilisation des producteurs.

Paris élabore actuellement une législation nationale pour freiner les pratiques commerciales d’entreprises telles que Shein et Temu, deux détaillants de vêtements à capitaux chinois dont la croissance exponentielle les a récemment soumis à des règles strictes en matière de services numériques appliquées aux plateformes en ligne avec plus de 45 millions de dollars par mois. utilisateurs dans l’UE.

En vertu d’un projet de loi approuvé à l’unanimité inhabituelle par la chambre basse du parlement français en mars, une taxe basée sur l’empreinte environnementale pouvant aller jusqu’à 5 euros par article, et pouvant atteindre 10 euros d’ici 2030, serait imposée sur chaque article de fast fashion vendu. Le projet de loi interdirait également le marketing direct et indirect de ces produits, y compris le recours à des influenceurs.

Le Parlement européen a déjà adopté une position ferme sur la proposition de révision de la directive sur les déchets. Même si le Conseil parvient à une position commune ce mois-ci, il est peu probable que les négociations finales sur la législation européenne commencent avant septembre.

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