A garment factory near Dhaka, Bangladesh, collapsed in 2013

Milos Schmidt

Politique de l’UE. Exclusif : la Belgique triple les seuils de diligence raisonnable des entreprises dans le cadre d’un accord de dernière chance

Les États membres manquent de temps pour adopter une loi sur les chaînes d’approvisionnement durables avant les élections de juin, mais les perspectives ont été mises en doute par une lutte parallèle contre les déchets d’emballages.

Le gouvernement belge a proposé de tripler le seuil de chiffre d’affaires afin de réduire le nombre d’entreprises supprimées par une loi historique sur les chaînes d’approvisionnement, a-t-on appris à L’Observatoire de l’Europe.

Bien que provisoirement acceptée par les députés européens et les gouvernements en décembre, la directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises, CSDDD, a subi des revers répétés, après que le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, ait exprimé son opposition.

Une proposition diffusée ces derniers jours par le gouvernement belge limiterait le CSDDD aux entreprises ayant un chiffre d’affaires mondial de plus de 450 millions d’euros, dans le but de répondre à l’opposition des principaux États membres, ont déclaré à L’Observatoire de l’Europe deux sources au courant des négociations.

L’accord de décembre a fixé la limite à 150 millions d’euros, tandis que la semaine dernière, la Belgique – qui préside actuellement le Conseil – a proposé de la porter à 300 millions d’euros, comme l’a rapporté pour la première fois L’Observatoire de l’Europe, dans le but d’apaiser les inquiétudes concernant les charges réglementaires.

La Belgique espère obtenir l’approbation de la loi lors d’une réunion des ambassadeurs de l’UE prévue vendredi 15 mars. La semaine suivante, le 22 mars, est considérée comme une date limite pour garantir que les députés européens puissent également se mettre d’accord sur les plans avant les élections prévues en juin.

Les ambassadeurs ont accepté cette semaine une nouvelle loi interdisant la vente de biens fabriqués grâce au travail forcé – mais le CSDDD va plus loin, exigeant que les grandes entreprises vérifient que les pratiques de leurs fournisseurs sont compatibles avec la limitation du changement climatique.

Lors d’un débat parlementaire tenu plus tôt cette semaine à Strasbourg, la députée européenne Lara Wolters (Pays-Bas/Socialistes et Démocrates) a déclaré que le Conseil s’était « déshonoré » et « fragilisé la démocratie européenne » en s’en prenant à plusieurs reprises au CSDDD.

Mais sa collègue Angelika Niebler (Allemagne/Parti populaire européen) a estimé que les députés devraient « faire attention à ne pas voir la branche sur laquelle nous sommes assis », car une bureaucratie excessive pourrait simplement encourager les entreprises européennes à se retirer des pays en développement.

Les perspectives d’un accord ont également été mises en doute par une querelle parallèle en matière de droit commercial concernant de nouveaux projets sur les déchets d’emballages, dont le vote est également prévu vendredi. L’Italie – qui a exprimé son scepticisme à l’égard des deux textes législatifs – pourrait tenter de lier les deux politiquement.

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