Bien qu’informels, les intergroupes parlementaires sont le reflet des priorités en constante évolution de l’Europe – en partie tradition, en partie réinvention et, parfois, un peu de fantaisie.
Alors que le Parlement européen entame un nouveau mandat législatif, de nouveaux sujets vont attirer l’attention des députés européens et donner vie à de nouveaux « intergroupes » parlementaires.
Ces intergroupes – des réseaux informels de députés européens issus de différents groupes politiques – se concentrent sur des questions spécifiques, souvent avec la contribution de la société civile.
Bien qu’ils ne soient pas des organes parlementaires officiels, les intergroupes sont formellement reconnus par le Parlement et créés au début de chaque législature.
Pour cette dixième législature, les groupes politiques ont approuvé une liste de 28 intergroupes. Beaucoup sont en cours d’installation cette semaine à Strasbourg, avec des événements de lancement qui devraient avoir lieu parallèlement aux sessions plénières.
Il est important de noter, comme le Parlement européen le précise sur son site Internet, que les intergroupes sont distincts des « groupes d’amitié » – un autre type de groupement parlementaire plus clubbable – même si certains de leurs noms suggèrent qu’ils pourraient être très amusants.
Pour illustrer l’évolution des intérêts et de l’engagement des députés européens sur diverses questions, L’Observatoire de l’Europe a sélectionné une sélection d’intergroupes – nouveaux et anciens – issus de mandats passés et présents.
Le groupe LGBTQ+ le plus inclusif de l’histoire
L’intergroupe LGBTQ+ du Parlement européen, confirmé pour la quatrième fois consécutive, a parcouru un long chemin vers l’inclusivité.
Au début, il se concentrait uniquement sur les lesbiennes et les gays, même si son titre « Lesbiennes et gays » suggérait qu’il s’agissait d’un film de chaque. Dès la septième législature, le groupe s’est élargi pour inclure les personnes bisexuelles et transgenres, devenant ainsi l’intergroupe LGBT.
En 2014, le « I » a été ajouté pour représenter les personnes intersexuées, mais il a maintenant été remplacé par un symbole « + », un petit changement conçu pour véhiculer un grand message : personne n’est laissé de côté.
Intergroupes historiques
Certains intergroupes ont littéralement l’histoire de leur côté. L’un d’entre eux se concentre sur la promotion des itinéraires de pèlerinage du Camino de Santiago et a depuis élargi sa portée pour couvrir d’autres itinéraires et patrimoines culturels européens.
D’autres intergroupes durables portent des noms distinctifs. SEARICA, par exemple, s’attaque aux mers, aux rivières, aux îles et aux zones côtières, tandis qu’ARDI se concentre sur la lutte contre le racisme et la diversité. Mais tous les groupes historiques n’ont pas survécu à cette période.
Un autre intergroupe portant son propre nom, le RUMRA, dédié aux zones rurales, montagneuses et isolées depuis 2014, n’a pas été retenu cette fois-ci.
Il existe ensuite des intergroupes persistants, comme ceux sur le ciel et l’espace ou sur le bien-être et la conservation, qui existent depuis plusieurs décennies et semblent destinés à nous survivre à tous.
Les intergroupes pas épargnés par les orientations politiques
Certains nouveaux intergroupes découlent naturellement de thèmes qui devraient dominer l’agenda de l’UE au cours de cette législature. Par exemple, la compétitivité est au premier plan avec le nouvel intergroupe « Attirer les investissements pour garantir une UE compétitive et durable », dont le titre aurait pu être surnommé par Mario Draghi lui-même.
D’autres laissent un peu plus à l’imagination. Prenez par exemple le nouvel intergroupe « Police » : se concentrera-t-il sur la lutte contre les violences policières ou plaidera-t-il pour une meilleure protection des forces de l’ordre ? Ou peut-être s’agit-il d’un fan club secret de The Police, le légendaire groupe de rock anglais. (Nous attendons toujours de le savoir.)
Entre-temps, la santé mentale a enfin gagné son propre intergroupe, reflétant son importance croissante dans les débats politiques. Des nouveaux venus comme l’intergroupe sur la résilience, la gestion des catastrophes et la protection civile entrent également en scène.
Les « annulés »
À mesure que de nouveaux intergroupes émergent, d’autres disparaissent inévitablement. L’intergroupe Green Deal, actif de 2019 à 2024, a été mis de côté pour ce mandat – apparemment, personne ne s’est porté volontaire pour porter le flambeau de l’initiative phare du mandat écoulé.
Ce n’est pas inhabituel. De nombreux intergroupes ont vécu des vies courtes et dramatiques, n’ayant survécu qu’à un seul mandat. Vous souvenez-vous des intergroupes « Médias » et « Nouveaux Médias » du huitième mandat législatif ? Ils n’ont pas duré plus longtemps qu’un tweet tendance.
Un autre groupe intitulé « Famille, droits de l’enfant et bioéthique » a également eu du mal à passer le cap d’un seul mandat.
Intergroupes géopolitiques
Certains intergroupes ont disparu en raison de changements de priorités politiques, en particulier celles consacrées à des zones géopolitiques spécifiques.
Prenez l’intergroupe sur le Tibet, qui a fonctionné pendant une décennie avant de disparaître en 2014, ou le groupe du Sahara occidental, qui s’est également dissous après une décennie.
À mesure que les tendances politiques évoluent, de nouveaux groupes émergent. Ce mandat, un nouvel intergroupe intitulé « La solution à deux États pour Israël et la Palestine » a été introduit, reflétant l’évolution de l’orientation géopolitique du Parlement et le changement d’intérêt dans l’arène géopolitique plus large.