Unaccompanied minors who crossed into Spain are gathered outside temporary shelter in Ceuta, near the border of Morocco and Spain, Wednesday, 19 May, 2021.

Jean Delaunay

Non, 97 % des personnes bénéficiant du revenu minimum de base en Espagne ne sont pas des migrants

À l’approche des élections européennes et britanniques, les commentateurs et les utilisateurs des réseaux sociaux font des affirmations factuellement incorrectes sur l’immigration en Europe.

La migration est généralement un sujet brûlant dans toute campagne électorale et alimente souvent des débats incendiaires et de fausses affirmations.

Qu’il s’agisse d’avantages sociaux ou de taux d’immigration, les allégations sont généralement provocatrices et tout simplement fausses.

Prenons cet exemple espagnol :

L'affirmation dans le message est fausse
L’affirmation dans le message est fausse

Ce message sur Facebook indique que près de 97 % des personnes bénéficiant du revenu de base minimum en Espagne sont des immigrants.

Le revenu de base minimum est une prestation de sécurité sociale qui fournit un salaire de base aux personnes économiquement vulnérables.

Elle peut aller d’environ 600 € à 1 400 € par mois, selon les conditions de vie du bénéficiaire.

Mais la publication sur Facebook est fausse pour plusieurs raisons.

Premièrement, il est dit que c’est le ministère du Travail qui verse le revenu de base minimum alors qu’il s’agit en réalité du ministère de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations.

Mais plus important encore, c’est faux, car selon les données officielles du ministère de l’Inclusion du mois d’avril, 82,4 % des bénéficiaires avaient la nationalité espagnole, alors que seulement 17,6 % étaient étrangers.

Le message estime également de manière erronée le nombre de personnes bénéficiant du revenu minimum de base : en réalité, l’allocation a été versée à quelque 600 000 foyers, dans lesquels vivent près de 1,8 million de personnes.

Les migrants sont-ils plus nombreux que la population autochtone dans les capitales européennes ?

Ailleurs sur le continent, un clip d’un militant d’extrême droite néerlandais Eva Vlaardingerbroek affirme que la plupart des populations d’Amsterdam, de Bruxelles et de Londres sont des immigrés.

Elle dit également que la « théorie du grand remplacement », totalement sans fondement, est une réalité plutôt qu’une conjecture d’extrême droite censée impliquer que la population blanche d’Europe est supplantée par des immigrants venus d’ailleurs.

Tout cela est incorrect.

Les chiffres officiels du bureau néerlandais des statistiques révèlent que seulement 37 % de la population d’Amsterdam est née en dehors des Pays-Bas.

Selon les chiffres de l’Office belge des statistiques, le nombre de Bruxellois nés hors du pays s’élève à 48 %.

Et à Londres, un recensement de 2021 a révélé que 41 % de la population de la capitale n’était pas née au Royaume-Uni, selon l’Office for National Statistics.

De plus, le simple fait d’être né ailleurs n’est pas un indicateur d’origine, et ne peut pas être utilisé pour démontrer une hypothèse autrement non démontrable.

S’il est vrai que l’immigration est une question importante et qu’il est légitime d’avoir des inquiétudes sur la manière dont elle est gérée, il est crucial de s’assurer que toute affirmation à ce sujet soit fondée sur des faits.

L’immigration reste un sujet de discussion majeur lors des élections européennes

À quelques jours des élections européennes, la politique d’immigration sera certainement l’un des principaux thèmes que les électeurs auront à l’esprit lorsqu’ils se rendront aux urnes, d’autant plus que les prévisions prévoient une influence à droite.

Le sondage exclusif d’L’Observatoire de l’Europe a révélé que la moitié des Européens désapprouvaient la position de l’UE sur la migration, exigeant des contrôles plus stricts aux frontières.

Divers gouvernements nationaux et candidats au Parlement européen ont également pris des mesures au cours de la campagne pour réprimer l’immigration, peut-être dans une dernière tentative pour aspirer les votes.

Le Portugal a mis fin à un régime permettant aux étrangers d’entrer dans le pays et de demander ensuite un permis de séjour, tandis que plusieurs partis irlandais ont exprimé leur opposition à la politique migratoire « libérale » du gouvernement.

Cela fait suite à la signature par l’UE de son nouveau pacte sur la migration et l’asile, réformant les règles migratoires du bloc pour garantir que tous les États membres, quel que soit leur emplacement, prennent leur juste part.

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