PARIS — Le président français Emmanuel Macron devrait présenter jeudi un nouveau service militaire volontaire — et la plupart des partis politiques devraient suivre ce plan.
Le projet, qui ne va pas jusqu’à la conscription, est conçu pour canaliser le personnel formé vers les forces armées actives ou les réserves. Ces dernières années, les politiciens ont parfois présenté le service militaire comme un moyen de discipliner les jeunes ou de créer une cohésion sociale. Aujourd’hui, la principale motivation est de renforcer les forces armées pour faire face à la menace posée par la Russie.
De nombreux autres pays européens envisagent également de rétablir le service militaire sous différentes formes, alors que les avertissements se multiplient selon lesquels le dirigeant russe Vladimir Poutine pourrait être prêt à attaquer un pays de l’OTAN dès 2028.
« La France n’est pas seule dans cette réflexion sur la mobilisation de la nation au-delà des forces militaires engagées, et cela est d’autant plus pertinent maintenant qu’il existe une menace russe évidente », a déclaré Hélène Conway-Mouret, députée socialiste qui siège à la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat français.
Plus tôt ce mois-ci, les partis au pouvoir en Allemagne ont convenu d’introduire l’enregistrement obligatoire et un examen médical pour les hommes de 18 ans – mais ont subordonné toute avancée vers le service obligatoire à une décision parlementaire distincte qui ne sera déclenchée que si le service volontaire ne répond pas aux besoins de l’armée.
La Pologne a dévoilé plus tôt cette année son objectif de former tous les hommes adultes à la guerre, mais elle n’est pas non plus parvenue à réintroduire la conscription.
Le programme volontaire français impliquera probablement une formation militaire sérieuse, mais il n’est actuellement pas question de rétablir la conscription, à laquelle le défunt président Jacques Chirac a mis fin en 1997.
Macron visite jeudi la 27e brigade d’infanterie de montagne à Varces, a indiqué lundi l’Elysée, où il devrait en faire l’annonce. « A cette occasion, le président de la République réaffirmera l’importance de préparer la nation et ses forces morales à faire face à des menaces croissantes », a indiqué l’Elysée.
Une telle refonte nécessiterait une « réforme législative », a souligné un responsable français. Le gouvernement s’est engagé à présenter une loi de planification militaire actualisée d’ici le 21 décembre.
Contrairement à de nombreuses propositions politiques de Macron, l’idée de créer un service militaire volontaire a recueilli un large soutien dans l’ensemble du spectre politique autrement polarisé de la France.
Le projet est soutenu par les conservateurs et l’extrême droite, notamment le président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Cédric Perrin des Républicains, et le président du Rassemblement national Jordan Bardella, qui a qualifié la fin de la conscription d' »erreur ».
Bardella a déclaré que le service militaire devrait à terme redevenir obligatoire, mais a reconnu que les forces armées n’avaient pas assez d’argent actuellement pour former l’ensemble de la jeunesse française.
A gauche, Conway-Mouret ne prévoit pas non plus de résistance. « Si c’est volontaire, je ne vois pas pourquoi il y aurait une quelconque opposition », a-t-elle déclaré.
La France vise à créer une force de réserve de 105 000 hommes d’ici 2035, soit un ratio d’un réserviste pour deux soldats en service actif. Cela représenterait une augmentation significative par rapport aux près de 44 000 réservistes du pays en 2024.
De hauts gradés de l’armée française ont déjà exprimé leur inquiétude quant au déclin de la population et à son impact inévitable sur le recrutement.
Macron a lancé ce projet pour la première fois en juillet, le bureau du Premier ministre français ayant laissé entendre en septembre qu’un service militaire facultatif réorganisé était en cours.



