The migrant reception centre set up in the port of Shengjin, north-west Albania, during a phase of its construction (25 July 2024)

Milos Schmidt

L’Italie envoie un premier groupe de 16 migrants dans des centres de traitement des demandes d’asile en Albanie

Les 16 hommes devraient arriver mercredi dans le port albanais de Shëngjin.

Un groupe de migrants a été transféré d’Italie vers des centres de traitement des demandes d’asile nouvellement créés en Albanie, a annoncé lundi le ministère de l’Intérieur du pays.

Ce transfert fait partie d’un projet controversé visant à traiter des milliers de demandeurs d’asile hors des frontières italiennes. Malgré les critiques formulées à l’encontre du projet, tant dans le pays qu’à l’étranger, la Première ministre Giorgia Meloni a qualifié cette décision de « bon exemple ».

« C’est une voie nouvelle, courageuse et sans précédent, mais qui reflète parfaitement l’esprit européen et qui a tout ce qu’il faut pour être suivie également avec d’autres pays tiers », a-t-elle déclaré mardi.

L’accord a été signé en novembre dernier par Meloni et son homologue albanais, Edi Rama.

Le gouvernement d’extrême droite de Meloni a officiellement inauguré vendredi les deux centres en Albanie. Rome prévoit d’y traiter des milliers de migrants de sexe masculin demandant l’asile après les avoir interceptés dans les eaux internationales alors qu’ils tentaient de traverser la côte de l’Afrique du Nord vers l’Europe.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, à droite, et le Premier ministre albanais Edi Rama se serrent la main après la signature d'un protocole d'accord sur les centres de gestion des migrants.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni, à droite, et le Premier ministre albanais Edi Rama se serrent la main après la signature d’un protocole d’accord sur les centres de gestion des migrants.

Les 16 hommes – 10 originaires du Bangladesh et six égyptiens – ont été évacués de l’île sicilienne de Lampedusa par un navire militaire après avoir été secourus en mer.

Ils devraient arriver mercredi dans le port albanais de Shëngjin, où une identification et un examen médical auront lieu, a indiqué un porte-parole du ministère.

Les personnes jugées en règle et autorisées à présenter formellement une demande d’asile en Italie seront transférées à Gjader, à 20 kilomètres du port de Shëngjin, où plusieurs installations de traitement ont été installées, parmi lesquelles un centre d’accueil, un centre de rapatriement pour les personnes destinées pour l’expulsion vers leur pays d’origine et un établissement pour les personnes ayant un casier judiciaire.

Les migrants faisaient partie du millier d’environ qui ont quitté les côtes libyennes et se dirigeaient vers Lampedusa ou y ont déjà atterri lundi.

Le plan commence

L’accord, signé l’année dernière, prévoit que l’Albanie hébergera jusqu’à 3 000 migrants de sexe masculin tandis que l’Italie accélérera le traitement de leurs demandes d’asile. Les migrants conserveront le droit, en vertu du droit international et européen, de demander l’asile en Italie et d’y faire traiter leurs demandes.

Selon les autorités italiennes, les centres albanais pourront dans un premier temps accueillir jusqu’à 400 personnes, avec une capacité qui devrait atteindre 880 dans quelques semaines.

Les projets de Rome visant à gérer les deux centres sous juridiction italienne coûteront environ 670 millions d’euros sur cinq ans.

Un porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui a exprimé de sérieuses inquiétudes concernant ce projet, a déclaré lundi qu’une de ses équipes menait une « mission indépendante » à bord du navire transportant les premiers dépêchés pour surveiller le processus de contrôle.

L’agence a accepté de superviser les trois premiers mois de fonctionnement du dispositif pour contribuer à « sauvegarder les droits et la dignité des personnes qui en bénéficient ».

Les autorités italiennes affirment qu’elles n’ont pas l’intention de séparer les familles, mais que les femmes, les enfants, les personnes âgées, ainsi que les personnes malades ou victimes de torture, seront hébergés en Italie.

Soutien européen

Alors que les traversées en petits bateaux à travers la Méditerranée affectent toujours les pays situés à la frontière sud de l’UE, Meloni et ses alliés de droite exigent depuis longtemps que les pays européens partagent davantage le fardeau de la migration.

Meloni a trouvé un allié sur cette question en la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a appelé lundi les dirigeants européens à tirer les leçons de l’expérience italienne en Albanie.

« Nous devrions continuer à explorer les voies possibles concernant l’idée de développer des centres de retour en dehors de l’Union, notamment compte tenu d’une nouvelle proposition législative sur le retour », a écrit le président de la Commission européenne dans une lettre.

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