Protestors are reflected in a large puddle as they wave European flags to demonstrate against Brexit in front of the Parliament in London, Dec. 3, 2018.

Jean Delaunay

L’impact du Brexit continue de s’aggraver, avertissent les économistes

Une nouvelle étude suggère que le marasme économique provoqué par le changement des relations entre le Royaume-Uni et l’UE après le Brexit n’est pas seulement un contretemps à court terme, mais qu’il est susceptible de persister.

L’accord sur le Brexit a provoqué une forte baisse des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE et la situation risque de continuer à s’aggraver, a averti un groupe d’économistes.

Un nouveau rapport publié lundi par l’Aston University Business School indique que l’accord de commerce et de coopération (TCA) signé par Londres et Bruxelles alors que les deux parties rompent complètement leurs relations a des « effets étouffants profonds et continus » sur l’économie.

« L’étude souligne que les effets négatifs de l’accord de libre-échange se sont intensifiés au fil du temps, l’année 2023 affichant des baisses commerciales plus prononcées que les années précédentes », ont déclaré les économistes basés à Birmingham dans le rapport. « Cela suggère que la transition dans les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE après le Brexit n’est pas seulement une perturbation à court terme, mais reflète des changements structurels plus profonds susceptibles de persister. »

Le Royaume-Uni est confronté à des difficultés économiques depuis qu’il a voté pour quitter l’UE en 2016 et qu’il a ensuite quitté le bloc en 2020. Cette situation a été rapidement aggravée par les ondes de choc mondiales et financières provoquées par la pandémie de COVID-19 et l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie.

Entre 2021 et 2023, les données mensuelles ont montré une baisse de 27 % des exportations britanniques et de 32 % des importations vers et depuis l’UE, par rapport à ce qu’auraient été les choses si le Brexit n’avait pas eu lieu, selon le rapport Aston.

Les choses ne s’améliorent pas beaucoup lorsqu’on examine les chiffres sur une base annuelle : les exportations ont diminué de 17 % et les importations de 23 %.

« L’analyse révèle une forte perturbation et un affaiblissement de la chaîne d’approvisionnement entre le Royaume-Uni et l’UE après l’accord sur le commerce et le développement, notamment pour les biens de consommation, les biens intermédiaires et les biens d’équipement », indique le rapport. Il note cependant qu’une poignée de secteurs ont vu leurs exportations augmenter, à savoir le tabac, les chemins de fer et l’aéronautique.

L’inverse est vrai pour les secteurs de l’agroalimentaire, du textile et de la fabrication de matériaux, qui sont parmi les plus touchés.

« Il convient de noter que les fruits et les noix comestibles ont connu la baisse la plus spectaculaire de la valeur des exportations britanniques, chutant de 73,46 % », ont déclaré les économistes.

L’accord sur le Brexit a également eu un impact sur les 27 autres pays de l’UE, mais à des degrés différents.

Selon le rapport, les exportations britanniques vers la Belgique et l’Irlande ont connu des réductions plus modérées, tandis que celles-ci ont été plus substantielles en Allemagne, en Espagne et en Grèce.

Pour les importations britanniques, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France ont enregistré des baisses significatives de respectivement 51 %, 32 % et 23 %, ont indiqué les économistes.

« Les petites économies ont toutefois montré des effets positifs, indiquant une augmentation des importations britanniques », ont-ils ajouté.

Un changement à l’horizon ?

Le rapport exhorte le gouvernement britannique à rechercher des moyens de stabiliser et de renforcer l’économie du pays.

Elle suggère d’ouvrir des négociations sectorielles spécifiques avec l’UE pour tenter d’atténuer les effets sur les secteurs les plus touchés par le Brexit et l’ACC et d’utiliser les nouvelles technologies pour rationaliser les procédures douanières.

Il recommande également au Royaume-Uni de reconfigurer ses chaînes d’approvisionnement pour renforcer sa résilience et sa compétitivité.

Même si l’UE s’est montrée peu enthousiaste à l’idée de modifier l’accord sur le Brexit et de rouvrir les négociations, il existe peut-être une marge de changement.

L’accord de coopération commerciale contient des « clauses de révision », qui fixent des dates pour réexaminer et évaluer la mise en œuvre de l’ensemble de l’accord tous les cinq ans. La première révision est prévue en 2026.

Le nouveau Premier ministre travailliste britannique, Keir Starmer, a exclu tout changement significatif, comme une réintégration dans le marché unique et l’union douanière de l’UE. Il s’est néanmoins engagé à réduire les formalités administratives post-Brexit et à « réinitialiser » les relations avec les partenaires européens du Royaume-Uni, qui avaient été mises en pièces par le précédent gouvernement conservateur.

Les examens prévus par la TCA pourraient lui donner l’occasion d’apporter des modifications importantes à l’accord, mais il reste à voir jusqu’où il irait.

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