A tractor pulls a trailer filled with plastic cows prior to a protest of farmers outside of a meeting of EU agriculture ministers in Brussels, Monday, May 27, 2024.

Jean Delaunay

Les producteurs laitiers manifestent à Bruxelles contre le bas prix du lait

Une centaine d’agriculteurs ont manifesté devant les institutions de l’Union européenne pour réclamer une loi sur le prix des produits laitiers

Les agriculteurs sont descendus dans la rue à Bruxelles lundi pour réclamer une loi interdisant la vente de produits laitiers à un prix inférieur aux coûts de production.

Des manifestants, munis de fausses vaches peintes aux couleurs du drapeau européen, ont défilé entre le siège du Parlement européen et la Commission dans la capitale belge.

Kjartan Poulsen, président de l’European Milk Board, a déclaré à L’Observatoire de l’Europe que les manifestants voulaient une version européenne d’une loi espagnole sur les « pratiques commerciales déloyales », qui interdit de vendre « des produits à perte à toutes les étapes de la chaîne d’achat ».

Il a expliqué que les coûts de production varient d’un pays à l’autre en fonction du coût de la main-d’œuvre et des caractéristiques propres à l’emplacement des exploitations agricoles.

Mais, en général, le lait coûte plus cher à produire pour les agriculteurs que ce qu’il coûte à acheter pour les consommateurs.

Dans certains pays, comme l’Italie, l’écart entre les coûts de production et les prix de vente est même supérieur à la moyenne européenne, selon le président de l’Association des producteurs de lait de la vallée du Pô, Roberto Cavaliere.

« En moyenne, les coûts d’une entreprise italienne se situent autour de 60 à 65 centimes par litre. Actuellement, les producteurs italiens gagnent 50 centimes. Il nous reste encore un écart de 15 centimes ».

DOSSIER – Des agriculteurs protestataires déversent un chargement de produits sur un boulevard principal lors d’une manifestation devant le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 26 mars 2024.
DOSSIER – Des agriculteurs protestataires déversent un chargement de produits sur un boulevard principal lors d’une manifestation devant le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 26 mars 2024.

« Nous demandons un prix juste car les prix payés aux producteurs depuis 25 ans n’ont jamais couvert les coûts de production. »

Selon Cavaliere, les seules entreprises du secteur qui peuvent survivre à ce qu’il appelle un marché déséquilibré et non rentable sont celles qui utilisent la main-d’œuvre familiale, ce qui réduit les coûts de production parce qu’elles ne paient pas leur travail. D’autres ferment simplement.

« En 1997, il y avait 110 mille producteurs de lait en Italie, en 2023 18 mille. Près de 90 mille entreprises ont fermé leurs portes. Ce sont des chiffres alarmants », a-t-il déclaré.

La question du Green Deal

Parmi les autres demandes des agriculteurs figurent des outils anti-crise pour le secteur agricole et la création d’organisations regroupant les producteurs de différentes chaînes d’approvisionnement laitière.

Ils souhaitent également des clauses garantissant que le lait importé dans l’UE respecte les exigences environnementales exigées par les producteurs locaux.

Les agriculteurs européens ont demandé à être davantage impliqués dans l’élaboration des mesures européennes affectant le secteur agricole.

Mais contrairement à d’autres manifestations d’agriculteurs ces derniers mois, ceux de lundi étaient moins concentrés sur le Green Deal, le plan de l’UE visant à éliminer les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050 et qui a de fortes répercussions sur l’agriculture.

Cavaliere a cependant demandé l’annulation du programme « Farm to Fork », la branche du Green Deal dédiée au secteur agricole.

« Les mesures de protection de l’environnement sont anciennes : elles ont été créées à partir de données et de concepts d’il y a vingt ans, qui ne sont plus réalisables aujourd’hui. »

Un exemple concret, selon lui, est la « directive nitrates », une disposition qui exige la protection des eaux contre la pollution causée par les nitrates d’origine agricole, contenus dans les engrais et les excréments d’animaux.

« Il y a cinq ans, il a été démontré que les engrais organiques présents dans le sol n’avaient pas d’effet sur la pollution des eaux souterraines, mais que 80 pour cent des communes italiennes ne disposaient pas de système de gestion des eaux usées. »

Les producteurs laitiers ont déclaré qu’ils entretenaient un dialogue ouvert avec le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski et qu’ils souhaitaient accroître la pression à l’approche des élections européennes.

Laisser un commentaire

neuf − sept =