Le rendement de la dette française à 10 ans a augmenté à plus de 3%, le premier jour de bourse après que l’agence de notation a abaissé de manière inattendue la note de la dette française.
La dette française inquiète une fois de plus les investisseurs, en raison de l’écart croissant de taux d’intérêt entre les obligations françaises à 10 ans et l’Allemagne, la référence de la zone euro.
Les coûts d’emprunt de la France ont dépassé 3,05% lundi matin, alors que les échanges ont repris pour la première fois après que l’une des plus grandes agences de notation de crédit, Moody’s, ait dégradé la note du pays de manière inattendue samedi.
La nouvelle notation d’émetteur à long terme de la France est devenue Aa3, soit un abaissement par rapport à la précédente Aa2, et l’agence a modifié la perspective du pays de négative à stable. Cette catégorie s’aligne sur celle déjà attribuée à la France par les deux autres principales agences de notation.
Moody’s a décidé de dégrader la note de la dette française parce que « les finances publiques du pays seront considérablement affaiblies dans les années à venir », car « la fragmentation politique est plus susceptible d’empêcher une consolidation budgétaire significative », a indiqué l’agence dans son communiqué.
Troubles politiques en France
Vendredi, le président français Emmanuel Macron a nommé le quatrième Premier ministre du pays cette année. Le centriste François Bayrou succède à ce poste à Michel Barnier, qui a démissionné après que son budget d’austérité lui ait valu, ainsi qu’à son gouvernement, un vote de censure de l’Assemblée nationale plus d’une semaine auparavant.
Le nouveau gouvernement français a la tâche urgente de garantir que le pays dispose d’un budget valide pour l’année à venir.
« Nous espérons que le gouvernement nouvellement nommé fera adopter une loi spéciale garantissant la continuité de l’administration publique en 2025 », a déclaré Moody’s dans son communiqué.
Le gouvernement sortant a eu la lourde tâche de se serrer la ceinture économique, alors que la France est aux prises avec un déficit qui devrait dépasser 6% du PIB en 2024 et une dette croissante, un record de 3 228 milliards d’euros, s’élevant à 112% du PIB, bien au-dessus de la limite de 60 % fixée par les règles de l’UE.
Le ministre français de l’Economie Antoine Armand a réagi à la décision sur X en déclarant que « Moody’s a annoncé le changement de la note de la France à Aa3, soulignant les récents développements parlementaires et l’incertitude actuelle qui en résulte quant à l’amélioration de nos finances publiques. Je prends J’en prends note. La nomination du Premier ministre François Bayrou et la volonté réaffirmée de réduire le déficit apportent une réponse explicite.
La tâche énorme consistant à ramener la dette et le déficit sur une voie soutenable attend le nouveau gouvernement. Selon l’agence de notation de crédit : « À l’avenir, il y a désormais une très faible probabilité que le prochain gouvernement réduise durablement l’ampleur des déficits budgétaires au-delà de l’année prochaine. »
En conséquence, Moody’s s’attend à ce que les finances publiques françaises soient plus faibles que prévu pendant encore trois ans.
Ces sombres perspectives ont déclenché une pression accrue sur les obligations d’État françaises lundi matin, poussant les coûts d’emprunt à 10 ans au-delà de 3 %, rendant de plus en plus coûteux pour le pays le financement de sa dette. L’écart entre les obligations à 10 ans de l’Allemagne et la France, l’indice de référence de la zone euro, s’est élargi à plus de 80 points de base.
Les rendements élevés des obligations à 10 ans ont fait que les coûts du service de la dette de la France étaient plus élevés (et jugés plus risqués par les investisseurs) que ceux du Portugal, de la Slovénie ou de la Croatie en début d’après-midi de lundi.
