Les nouvelles lois européennes sur le recyclage pourraient-elles signifier la fin des boîtes en bois traditionnelles du camembert ?

Milos Schmidt

Les nouvelles lois européennes sur le recyclage pourraient-elles signifier la fin des boîtes en bois traditionnelles du camembert ?

Les producteurs de fromage français font pression contre les nouvelles règles, qui pourraient signifier la fin des emballages traditionnels en bois.

Malgré la réglementation européenne sur le recyclage, les producteurs de camembert ont fait pression pour que leurs emballages soient exclus des nouvelles règles.

Les députés français ont déposé mercredi des amendements de dernière minute pour protéger les récipients en bois traditionnels utilisés pour le fromage.

Proposé pour la première fois en novembre 2022, un vote sur le règlement sur le recyclage est prévu la semaine prochaine au Parlement européen. Dans le but de réduire les déchets, elle impose des objectifs de recyclage pour tous les emballages à partir de 2030.

Celles-ci s’appliquent à l’ensemble du cycle de vie des emballages, depuis les matières premières jusqu’à l’élimination finale, et constituent une interdiction des emballages non recyclables.

Selon le journal français Le Figaro, les caisses de fromages en bois auraient été remplacées par du plastique recyclé.

La loi fait l’objet d’un intense lobbying hostile de la part d’un large éventail d’entreprises.

Pourquoi le packaging du camembert fait-il l’objet de vifs débats ?

En plus d’être un objet emblématique dans les rayons des magasins, les caisses rondes en bois assurent la respirabilité des fromages à pâte molle comme le camembert, qui ont tendance à transpirer. L’élimination des emballages reste cependant un problème.

Même s’il est peu probable que les boîtes soient interdites en vertu des nouvelles règles, elles seraient soumises à de nouvelles réglementations en matière de recyclage et de réutilisation qui pourraient les rendre d’un coût prohibitif.

« Les caisses en bois utilisées pour emballer les fromages comme le camembert n’ont pas de filière de recyclage dédiée, car il serait trop coûteux de créer une chaîne logistique », a déclaré à l’agence de presse Stéphanie Yon-Courtin, eurodéputée normande du parti Renaissance du président français Emmanuel Macron. AFP.

Le groupe centriste de Yon-Courtin, Renew Europe, a déposé un amendement demandant d’épargner les emballages en bois de la loi sur le recyclage. Cela comprend des caisses contenant du camembert, du Mont-d’Or, des huîtres et des fraises, entre autres.

Une exemption pour les emballages en cire, comme ceux utilisés pour le fromage Babybel, a également été proposée.

Ils demandent à la Commission européenne de produire un rapport d’ici fin 2028 pour évaluer la disponibilité d’infrastructures de recyclage pour ces types d’emballages. Ils veulent également connaître les avantages environnementaux d’être obligés de les recycler avant d’être soumis à la nouvelle loi.

Les députés français ont demandé que les boîtes de camembert en bois soient exclues des règles de recyclage.
Les députés français ont demandé que les boîtes de camembert en bois soient exclues des règles de recyclage.

« Un oubli » de la part de la Commission européenne

Le règlement avait déjà reçu le feu vert de la commission de l’environnement du Parlement européen en octobre.

L’amendement de Renew Europe « devrait recueillir une large majorité, car personne n’a évidemment l’intention de supprimer les emballages en bois pour les camemberts », a assuré le président de cette commission parlementaire, Pascal Canfin, membre de Renew Europe. Il l’a dénoncé comme « un oubli » de la part de la Commission européenne.

« La difficulté dans ce cas particulier des caisses en bois, c’est le tri… c’est économiquement impossible aujourd’hui », explique à l’AFP Michael Matlosz, professeur de génie chimique à l’Université de Lorraine qui a supervisé un rapport sur le recyclage de l’Académie française des technologies.

« Avant de demander aux gens de recycler les caisses en bois, il y a déjà beaucoup à faire sur les emballages en plastique », argumente l’eurodéputé Jérémy Decerle (Renew Europe), ancien président du syndicat agricole français Jeunes.

« Des normes rigides, complexes et souvent contre-productives »

Le projet de règlement doit être débattu mardi et un vote aura lieu le lendemain au Parlement européen.

La ministre française des Affaires européennes, Laurence Boone, a soutenu les amendements. Il affirme que la loi pourrait provoquer la colère des électeurs ruraux à l’approche des élections européennes de juin prochain.

« Si l’on veut caricaturer l’Europe avant les élections, il faut commencer par embêter les producteurs de camembert et leurs emballages en bois… ça fait tiquer tout le monde », a-t-elle commenté lors d’une rencontre avec des journalistes.

« Nous devons encourager les entreprises à utiliser des emballages recyclables (mais) nous avons besoin d’un peu de réalisme pragmatique », a-t-elle ajouté.

Il est peu probable que les fabricants de camembert abandonnent sur cette question, après avoir mené une bataille juridique de 12 ans sur le nom de leur produit.

Des amendements ont également été déposés par les députés français François-Xavier Bellamy et Arnaud Danjean du groupe de droite PPE, ainsi que par l’eurodéputée Catherine Griset au nom du groupe d’extrême droite ID, pour exclure les emballages en bois du champ d’application de la réglementation.

« Cette question est avant tout symptomatique du problème posé par ce texte qui introduit une fois de plus des normes rigides, complexes et souvent contre-productives », a déclaré François-Xavier Bellamy.

« Nous nous mobilisons par exemple pour empêcher la consigne obligatoire pour toutes les bouteilles en plastique en Europe, qui détruirait le modèle de recyclage dans lequel la France et nos collectivités ont massivement investi depuis de nombreuses années », a-t-il ajouté.

Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec cette exclusion.

« L’exigence selon laquelle les emballages en bois du camembert doivent être recyclables doit rester », a déclaré à l’AFP l’eurodéputée allemande Delara Burkhardt, du parti social-démocrate (SPD).

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