Deux couples récemment installés dans le village suisse d’Aarwangen veulent interdire le tintement des cloches.
Raclette, chalets rustiques, montagnes enneigées et tintement des cloches: tous les symboles traditionnels de l’idylle suisse.
Jusqu’à ce que le tintement des cloches de vache devienne un peu trop fort au milieu de la nuit lorsque vous essayez de dormir.
Le vacarme s’est avéré insupportable pour deux couples nouvellement arrivés à Aarwangen, qui se sont plaints auprès du conseil du village et ont demandé que les cloches soient retirées la nuit.
En réponse à leurs plaintes, un groupe d’habitants a lancé une campagne en faveur du tintement. Leur mouvement pro-cloches vise non seulement à préserver le son des cloches à vaches mais aussi celui des cloches des églises.
Visions en collision
Aarwangen compte près de 5 000 habitants et de nouveaux logements ont vu le jour dans le village ces dernières années.
Située sur les rives de l’Aar, avec vue sur les Alpes bernoises, avec son château médiéval et ses fermes traditionnelles, Aarwangen a attiré les citadins de Berne, Zurich et Bâle qui ne sont qu’à une heure de route.
Mais les nouveaux habitants d’Aarwangen n’étaient pas préparés au fait que ce village traditionnel fonctionne toujours pleinement ; avec des fermes laitières et des vaches vêtues de cloches.
Pour le président de la municipalité Niklaus Lundsgaard-Hansen, le conflit est « un exemple de la fracture entre zones urbaines et zones rurales ».
De nombreuses personnes ont déménagé dans la région, «la plupart ne viennent pas nécessairement des villes, mais des périphéries urbaines et connaissent moins bien le mode de vie agricole», a-t-il déclaré à la chaîne publique suisse SRF.
Pourquoi des cloches ?
Autrefois, les cloches étaient un moyen d’effrayer les prédateurs et de suivre les vaches paissant en hauteur sur les pentes alpines. Mais désormais, les vaches sont équipées de puces électriques et paissent principalement dans des pâturages clôturés.
Alors que certains agriculteurs suisses choisissent de retirer les cloches la nuit, d’autres y voient une atteinte à la tradition.
Les communautés suisses sont confrontées depuis un certain temps au dilemme du son des cloches, mais en l’absence de règles communes sur la question, chaque cas doit être traité séparément.
En 2017, une Néerlandaise s’est vu refuser un passeport suisse après avoir « ennuyé la population locale » avec ses campagnes en faveur des droits des animaux. Nancy Holten a soutenu que les cloches nuisaient aux vaches en raison de leur poids.
Dès 1975, le Tribunal fédéral s’est prononcé contre les cloches à vache dans une zone résidentielle et a interdit à un agriculteur d’en installer sur son bétail la nuit.
La question est devenue un sujet tellement brûlant qu’elle a fait l’objet d’une exposition spéciale au musée Langenthal.
«Les débats comme à Aarwangen ne portent pas sur le bruit, le volume ou les niveaux de décibels, mais sur la tolérance», a déclaré la directrice du musée Jana Fehrensen à la Société Radio-Télévision suisse.
Quant à Aarwangen, une réunion publique aura lieu le mois prochain pour voter sur l’avenir de leurs cloches. On espère que d’ici là, les autorités bernoises auront défini des lignes directrices sur la manière dont la paix peut coexister dans le cadre de la réglementation sur la pollution sonore.
Et pour les deux couples nouvellement arrivés, l’un a depuis retiré sa plainte, tandis que l’autre envisage de déménager, a indiqué Lundsgaard-Hansen.