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Jean Delaunay

Les marchés européens se préparent aux turbulences politiques françaises

Le second tour des élections législatives françaises pourrait donner lieu à un parlement sans majorité absolue, la coalition de gauche obtenant, contre toute attente, le plus grand nombre de sièges. Malgré les incertitudes politiques, l’euro réduit ses pertes.

Les incertitudes politiques devraient continuer à alimenter la volatilité des marchés en Europe après le résultat surprenant des élections françaises de dimanche. Selon les sondeurs du second tour de l’élection, la coalition de droite du Nouveau Front populaire (NFP) a pris la tête des votes du public, battant le Rassemblement national (RN) d’extrême droite. Le NFP devrait recueillir entre 177 et 192 sièges, tandis que le parti centriste d’Emmanuel Macron s’est assuré la deuxième place avec entre 152 et 158 ​​sièges. Le vainqueur précédemment annoncé, le RN, dirigé par Marine Le Pen et Hirdan Bardella, pourrait n’obtenir qu’entre 138 et 145 sièges. Alors qu’un gouvernement sans majorité absolue est le scénario le plus probable pour la France, le Premier ministre, Gabriel Attal, a déclaré qu’il démissionnerait en raison de cette projection.

Malgré ce résultat inattendu, aucun parti ne semble en mesure de remporter la majorité absolue, ce qui laisse planer le risque d’un parlement sans majorité absolue en France. La division des pouvoirs politiques va accroître les incertitudes sur les politiques essentielles, notamment en matière de finances publiques.

L’euro oscille dans un contexte d’incertitudes politiques

L’euro s’est considérablement affaibli face aux autres devises du G-10 début juin, lorsque le président français Emmanuel Macron a appelé à des élections anticipées après que la cheffe du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, l’a battu aux élections parlementaires de l’Union européenne. La monnaie unique a chuté de 2 % par rapport au dollar américain à 1,0664 au cours de la deuxième quinzaine de juin. La paire a fortement rebondi pour dépasser 1,08 la semaine dernière après que le premier tour des élections françaises a montré que le parti d’extrême droite de Le Pen n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue au parlement. Cependant, le résultat de dimanche a de nouveau mis la pression sur l’euro, le taux de change entre l’euro et le billet vert ayant initialement ouvert en baisse à 1,08 avant de rebondir rapidement à 1,0823 à 02h30 CEST.

La résilience de l’euro pourrait suggérer que les investisseurs sont moins préoccupés par un gouvernement de gauche que par un parti d’extrême droite au pouvoir. Cependant, le second tour des élections reste le facteur clé de l’humeur du marché cette semaine. La capacité des partis de gauche, notamment la France insoumise, les socialistes et les Verts, à rester unis sera cruciale pour l’avenir de la France.

L’inquiétude monte autour des finances publiques françaises

L’un des dirigeants du NPF, Jean-Luc Mélenchon, a appelé l’alliance à gouverner le pays et à refuser toute négociation avec d’autres partis. Le manifeste de l’alliance prévoit d’augmenter les dépenses publiques, de réduire l’âge de la retraite, d’augmenter le salaire minimum et de plafonner les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ce qui pourrait conduire à un déficit public plus important. Cela aggravera encore les finances de la France, car son déficit – 5,5 % du PIB – est déjà bien supérieur au seuil de 3 % fixé par l’Union européenne (UE) en 2023.

En juin, l’Union européenne a placé le pays sous une « procédure de déficit excessif » lorsque les élections françaises ont fait perdre au parti centriste du président Macron une position défavorable. La France doit réduire son déficit de 0,5 % par an en vertu des nouvelles règles, bien qu’aucune recommandation explicite ne soit formulée sur la manière dont les pays devraient réduire le déficit avant l’entrée en fonction d’une nouvelle commission en novembre.

Les marchés français pourraient se préparer à des turbulences politiques

Les marchés boursiers européens ont connu une forte hausse après une forte baisse la semaine dernière après le premier tour des élections françaises, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen n’étant pas susceptible de gagner un pouvoir monopolistique. La prime de risque sur la dette française, mesurée par le rendement des obligations d’État à 10 ans, a reculé à 3,21% vendredi après avoir atteint un sommet de huit mois à 3,37% plus tôt dans la semaine. Dans le même temps, les secteurs les plus touchés, comme les valeurs bancaires et les valeurs de l’énergie verte, ont connu le rebond le plus marqué. L’indice de référence français, le CAC 40, a rebondi de 2,7% par rapport à son plus bas niveau de juin.

Le résultat du second tour des élections ne semble pas sensiblement différent de celui du premier. Les investisseurs pourraient être soulagés de constater que le parti d’extrême droite est désormais moins susceptible d’influencer les politiques gouvernementales, même si les plans de dépenses de la gauche restent une menace pour la stabilité financière du pays. Cependant, un gouvernement sans majorité absolue pourrait être la meilleure issue pour le sentiment des marchés, car ni la coalition d’extrême droite ni celle de gauche ne peuvent facilement transmettre leurs plans de dépenses élevés.

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