PARIS — Les horribles fusillades consécutives de ces derniers jours, que les forces de l’ordre ont liées au trafic de drogue, mettent en évidence à quel point les questions de sécurité sont susceptibles de jouer un rôle dominant lors des élections municipales importantes de l’année prochaine.
Le profil des victimes dans chaque incident était choquant. Une fusillade entre samedi soir et dimanche matin à Grenoble a grièvement blessé un jeune de 13 ans, ont indiqué les autorités, tandis que jeudi, le frère cadet d’un militant associatif marseillais de premier plan a été tué dans ce que le procureur chargé de l’enquête a qualifié de potentielle tentative d’intimidation.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a déclaré vendredi que l’assassinat de Mehdi Kessaci, 20 ans, la veille, constituait un « point de bascule effrayant », étant donné que lui et son frère Amine étaient devenus des défenseurs de la lutte contre le trafic de drogue après la mort de leur demi-frère aîné dans une fusillade liée à un gang.
Amine, 22 ans, est l’un des plus éminents croisés contre le trafic de stupéfiants à Marseille, la ville portuaire du sud qui, depuis des décennies, n’a pas réussi à freiner la violence liée à la drogue. Il a fait l’objet d’un article dans le New York Times l’année dernière.
Benoît Payan, maire de centre-gauche de Marseille, a adopté un ton similaire à celui de Darmanin, déclarant que ce crime ferait entrer la lutte contre le trafic de drogue dans « une nouvelle ère » si son motif d’intimidation était confirmé.
À la suite de violences aussi flagrantes, les questions de sécurité sont devenues une préoccupation majeure des électeurs à l’approche des élections municipales prévues au printemps 2026, selon des sondages. Un sondage Ifop publié dimanche montre que la sécurité était la principale préoccupation avant ces élections pour 76 pour cent des électeurs.
Plus de 10 pour cent des homicides de l’année dernière étaient liés au trafic de drogue, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur. Le gouvernement français a depuis réagi en redoublant d’efforts dans sa stratégie de guerre contre la drogue, en soutenant une nouvelle législation visant à donner aux forces de l’ordre et aux responsables de la justice davantage de poids pour poursuivre les trafiquants.
Mais l’accent mis sur la répression suscite des critiques.
« Nous agissons comme les États-Unis l’ont fait lorsqu’ils ont imposé la prohibition, ce qui a conduit à la mafia », a déclaré Eric Coquerel, président de la commission des finances publiques à l’Assemblée nationale française et membre éminent du mouvement d’extrême gauche La France Insoumise.
Coquerel appelle à la légalisation du cannabis et à des politiques de réduction des risques.



