Les arbres centenaires qui ont survécu aux incendies de forêt en France sont désormais abattus à cause d'une infestation d'insectes.

Milos Schmidt

Les arbres centenaires qui ont survécu aux incendies de forêt en France sont désormais abattus à cause d’une infestation d’insectes.

Autrefois abritant des pins maritimes vieux de 250 ans, les machines rugissantes coupent, taillent et éliminent désormais de nombreux troncs infestés de parasites.

30 000 hectares de forêt dans le sud-ouest de la France ont brûlé lors de violents incendies de forêt en 2022. Ils font désormais face à une « double peine » : des insectes mangeurs d’arbres s’attaquent aux arbres endommagés par le feu, ne laissant aux autorités d’autre choix que de tuer des milliers d’arbres. .

« L’année 2023 est aussi cruelle et dramatique que l’incendie », déclare Matthieu Cabaussel, l’un des syndics généraux gérant la forêt de La Teste-de-Buch. « C’est une double peine. »

Les scolytes sténographes, un petit insecte volant mesurant à peine un demi-centimètre, s’attaquent principalement aux pins endommagés par un incendie ou une tempête.

Lors de l’accouplement, le coléoptère brun s’infiltre entre l’écorce et le bois, pondant 30 à 50 larves qui creuseront des tunnels et détruiront les canaux de sève, jusqu’à la mort de l’arbre.

Certains disent que les autorités n’ont pas agi assez rapidement

Lorsque les scolytes frappent, il n’y a qu’une seule solution : abattre les arbres.

Ils ont déjà infesté une forêt touchée par une tempête dans le nord de l’Italie.

« L’exploitation des bois attaqués est le seul outil de contrôle », a déclaré à l’AFP Francis Maugard, responsable des risques naturels à l’Office national des forêts (ONF).

L’abattage a permis de supprimer quelque 80 000 m3 de bois, soit l’équivalent de vingt ans de récolte.

Mais à La Teste-de-Buch, où la quasi-totalité des 3 800 hectares ont été incendiés, la réaction a été tardive. Ses dirigeants n’ont pu commencer à réduire leurs dépenses qu’en janvier, après quelques hésitations.

« Une gestion calamiteuse » déplore Hervé Jactel, directeur de recherche au laboratoire BioGeCo (Biodiversité Gènes et Communautés) de l’INRAE, qui critique également le stockage en forêt de tas de bois infestés.

« C’était le vivier idéal », souligne-t-il, décrivant la succession de plusieurs générations de scolytes en 2023 sur fond de chaleur persistante.

« Une véritable bombe à retardement : si nous ne faisons rien, le printemps 2024 sera plusieurs milliers de fois plus dangereux. »

« Nous avons eu des difficultés dans la forêt utilisatrice », reconnaît Matthieu Cabaussel. Pour lui, la malchance s’est mêlée à des températures chaudes, ainsi qu’à un marché « peu porteur » qui « ralentit la sortie du bois ».

« La plus grande vigilance » est nécessaire

Le scolyte s’est déjà propagé dans les zones urbaines de La Teste, obligeant les habitants à abattre les pins de leurs jardins.

« Il y a un risque d’explosion démographique », confirme François Hervieu de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF), mais il estime que les choses pourraient être pires : « Nous ne sommes pas dans une situation épidémique : nous sommes dans une situation qui nécessite la plus grande vigilance pour évacuer les arbres à temps. »

« Le cataclysme que nous avons subi est dur car de notre vivant nous ne reverrons plus de vieille forêt. Mais les écosystèmes forestiers se rétabliront très bien », estime Matthieu Cabaussel.

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