processeur quantique

Bastien

Le processeur quantique développé par l’Iran se vend 600 € sur Amazon

L’annonce avait des allures de démonstration de puissance technologique : l’Iran déclarait avoir conçu son premier processeur quantique, présenté en grande pompe à l’université navale Imam Khomeini de Nowshahr. Mais derrière l’effet d’annonce, la réalité s’est vite révélée moins spectaculaire : l’appareil exhibé par les responsables militaires n’était autre qu’une carte de développement ARM disponible dans le commerce, proposée à environ 600 € sur des sites spécialisés.

Une présentation qui interroge

Lors de la cérémonie, le contre-amiral Habibollah Sayyari, coordinateur adjoint de l’armée iranienne, avait vanté un dispositif censé offrir à l’armée la capacité de détecter des navires ennemis grâce à des « algorithmes quantiques ». Pourtant, le simple coup d’œil des spécialistes a suffi à semer le doute.

Le prétendu processeur quantique n’était en réalité qu’un circuit imprimé de taille modeste, sans rapport avec les véritables infrastructures nécessaires à l’informatique quantique. Car en pratique, un ordinateur quantique n’a rien d’un composant portable : il s’agit plutôt de machines massives, rappelant plus la science-fiction que l’électronique de bureau, nécessitant des environnements ultra-stables et des températures proches du zéro absolu pour maintenir les particules dans un état quantique.

Une « révolution » qui s’achète en ligne

L’appareil en question a rapidement été identifié comme une carte de développement conçue par la société américaine Digilent. Un outil parfaitement adapté au prototypage électronique et aux tests logiciels, mais sans aucune vocation quantique.

Proposée en moyenne à 600 €, cette carte est disponible auprès de revendeurs spécialisés et même sur des plateformes généralistes comme Amazon. Ses caractéristiques – processeur ARM, mémoire limitée et options de traitement vidéo – confirment son usage réel : apprentissage, conception et simulation de systèmes embarqués, et non calcul quantique.

processeur quantique iranien
Le processeur quantique de l’Iran est une carte ZedBoard Zynq-7000 de Diligent.
© FarsNews

Entre communication politique et réalité scientifique

Cet épisode n’est pas isolé. L’Iran a déjà été accusé par le passé d’avoir exagéré certaines de ses annonces technologiques. Durant la pandémie de Covid-19, un appareil présenté comme capable de détecter des malades à 80 mètres s’était avéré être un simple détecteur de mines reconditionné.

Ces mises en scène répondent à une logique politique claire : afficher une maîtrise technologique avancée pour démontrer l’indépendance et la résilience du pays, malgré les sanctions internationales et l’isolement économique. Mais elles soulignent aussi les limites d’une stratégie de communication qui, lorsqu’elle est démentie trop rapidement, fragilise la crédibilité scientifique du pays sur la scène internationale.

Une course mondiale qui ne tolère pas l’improvisation

À l’heure où des pays comme les États-Unis, la Chine ou le Royaume-Uni investissent massivement dans la recherche quantique, chaque annonce est scrutée avec attention. En Grande-Bretagne, par exemple, la Royal Navy teste déjà un véritable processeur quantique capable de naviguer sans GPS. Dans ce contexte, l’Iran prend un risque certain à présenter comme une avancée stratégique ce qui n’est qu’un produit grand public de laboratoire.

En définitive, cette affaire illustre le fossé entre la communication politique et la réalité scientifique. Le processeur quantique iranien ne bouleversera pas la donne technologique mondiale. Il rappelle plutôt qu’en matière de haute technologie, l’illusion a parfois une durée de vie bien plus courte que la réalité qu’elle prétend remplacer.

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