Joël Le Scouarnec est accusé de viol aggravé et d’agression sexuelle de 299 victimes, presque tous les mineurs, entre 1989 et 2014. Ce procès « extraordinaire » a mis deux ans à préparer.
À partir de ce lundi, le tribunal pénal de Morbihan tentera Joël Le Scouarnec, soupçonné d’être le plus grand criminel pénal pédophile de la France, pour viol aggravé et violence sexuelle aggravée contre 299 victimes, la plupart d’entre eux. Pour ces crimes commis en plus de 30 ans en toute impunité, l’ancien chirurgien de 74 ans est exercé une peine maximale de 20 ans d’emprisonnement.
Le Scouarnec a « reconnu son implication » dans la majorité des viols et des agressions sexuelles dont il est accusé, selon le procureur Lorient Stéphane Kellenberger, qui dirigera les poursuites à Vannes.
Joël Le Scouarnec avait déjà été condamné à une peine de prison avec sursis en octobre 2005 par le tribunal pénal de Vannes pour possession d’images de pornographie juvénile.
Il a ensuite été condamné à 15 ans d’emprisonnement en 2020 pour viol et abus sexuel de quatre mineurs, et a déposé un appel, mais s’est retiré un an plus tard.
Il a finalement été inculpé dans ce deuxième cas de viol et d’agression sexuelle de plus de 300 victimes potentielles.
« Sans aucun doute le plus grand cas de crime pédophile en France ».
Le procès, qui commence le 24 février et a déjà été étiqueté « hors de l’ordinaire », devrait durer quatre mois et a nécessité une salle d’audience spécialement créée pour l’occasion. En l’absence d’espace, la ville met à disposition les locaux de son ancienne faculté de droit, située à seulement 300 mètres du tribunal. L’un des amphithéâts de l’immeuble sera réservé aux parties civiles et à leurs familles. Ils pourront suivre la procédure en direct.
« Il s’agit sans aucun doute du plus grand cas de crime pédophile en France, ou du moins le cas avec la plupart des victimes agressées sexuellement ou violées par un seul homme. Et l’ampleur du procès qui a suivi est proportionnée à l’échelle de cette affaire », un joueur judiciaire judiciaire commenté dans le quotidien français Le Figaro.
Au total, Joël Le Scouarnec sera jugé pour 111 viols et 189 agressions sexuelles, aggravées par le fait qu’il a abusé de son poste de médecin.
158 hommes et 141 femmes victimes ont été enregistrées. À la veille du début du procès, 202 partis civils ont été enregistrés. L’âge moyen des victimes au moment des événements était de 11.
Pour les 15 patients du médecin (y compris, en particulier, les quatre victimes dans la première partie de l’essai 2020), le délai de prescription a expiré, permettant une sorte de « double pénalité ».
Le procès devrait coûter au ministère de la Justice près de 3 millions d’euros de reconfiguration dans les locaux, en achetant et en installant des équipements techniques, en mobilisant du personnel supplémentaire et en compensant les frais de voyage des victimes. On estime que 1,2 million d’euros ont déjà été dépensés.
Pendant le procès, plusieurs séquences auront lieu à huis clos. Cependant, il serait suffisant pour un seul parti civil de demander que le procès soit fermé au public pour qu’il soit accordé, et que l’ensemble du procès du Scouarnec ait lieu sans la presse ni le public.
Ce procès est également « hors de l’ordinaire » parce que les victimes n’étaient pas au courant des agressions qu’ils avaient subies. Ils ont découvert les faits des décennies plus tard, lorsqu’ils ont été interrogés par les gendarmes. De nombreuses victimes ont souffert d’amnésie traumatique, effaçant partiellement ou complètement leur mémoire du médecin.
Tout au long du procès, les parties civiles pourront compter sur le soutien de l’Association France Victhes 56, qui fournira un expert juridique et un psychologue pour les accompagner. Un chien d’assistance juridique a également été offert à ceux qui devront témoigner devant le tribunal.
Pour assurer la tranquillité d’esprit des partis civils, qui feront face à un grand nombre de journalistes, un système de colliers – vert ou rouge – sera mis en place pour indiquer s’ils souhaitent ou non être interviewés ou filmés.
Environ 300 journalistes représentant une centaine de médias ont été accrédités pour le procès, mais beaucoup ne seront pas présents dans leur intégralité.
Soixante-cinq avocats seront sur place pour aider les victimes pendant les audiences, qui n’auront lieu que dans l’après-midi.
Connu dans toute la communauté, sans soupçon
Agé de 66 ans au moment de son arrestation le 2 mai 2017, Joël Le Scouarnec était un chirurgien digestif bien connu dans la commune de Jonzac (Charinte-Maritime), sans soupçon. Sa carrière s’étend sur 36 ans: la veille de son arrestation, il venait de prendre sa retraite.
L’affaire a commencé par des déclarations faites par une fillette de six ans vivant à Jonzac. En avril 2017, elle a dit à ses parents que son voisin, un médecin de 66 ans à l’époque, s’était exposé à elle avant de l’agresser sexuellement.
Au cours de la recherche, les gendarmes ont trouvé plusieurs poupées, environ 70, garçons et filles, des nourrissons aux enfants de 12 ans. Joël Le Scouarnec avait attaché des godes à certains d’entre eux. Sa maison était pleine de jouets sexuels, de perruques et de pornographie juvénile.
Des disques durs contenant plus de 300 000 documents, dont certains extrêmement violents, ont été trouvés sous son matelas.
Il y avait également des photomontages fabriqués par le chirurgien à partir de photographies d’enfants, ainsi que d’autres preuves d’activités sadomasochistes, scatophiles et zoophiles avec ses animaux de compagnie.
Surtout, les enquêteurs sont tombés sur ce qu’ils ont surnommé le chirurgien « cahiers noirs ». Ce sont des cahiers manuscrits dans lesquels Joël Le Scouarnec a écrit des histoires de pornographie juvénile sur une période de trente ans.
Joël Le Scouarnec a commis ses crimes au fur et à mesure qu’il était en service. Il était chirurgien contractuel et au cours de sa carrière a travaillé dans une quinzaine d’hôpitaux: dans Lorient (56), Quimperlé (29), Le Mans (72), Nantes (44), Saint-Brieuc (22) et Flers (61 ). C’est à la clinique sacré-coeur de Vannes, où il travaillait régulièrement entre 1994 et 2003, qu’il a revendiqué le plus de victimes. Probablement plus de deux cents.
Il a commis ses actes pédocriminaux contre les filles et les garçons. Certains n’avaient que quelques mois, d’autres étaient des adultes. Sur les 299 victimes identifiées par le bureau du procureur de Lieent, 256 étaient inférieures à 15 ans au moment du crime.
Calendrier de procédure
Les deux premières semaines du procès seront consacrées à l’enquête sur le personnage du défendeur, à la progression de l’enquête et au témoignage de ceux qui lui sont proches.
Son ex-femme (qui prétend qu’elle n’a jamais soupçonné que son mari était pédophile, malgré une condamnation initiale pour possession de pornographie juvénile en 2005) devrait prendre position mardi.
Présidée par le juge Aude Buresi, le tribunal pénal de Morbihan suivra l’ordonnance chronologique des agressions sexuelles commises par Le Scouarnec.
Une quarantaine de soirées civiles ont déjà exercé leur droit à être entendu à huis clos.
Le 19 mai, le tribunal entendra des preuves d’un certain nombre d’anciens hauts responsables de l’hôpital et de la santé. Selon des documents confidentiels consultés par l’agence de presse française AFP, certains d’entre eux avaient été informés de la première condamnation du chirurgien dès 2006, sans que sa carrière soit affectée.
Le médecin est resté en pratique pendant onze autres ans, continuant de commettre des actes de violence sexuelle présumés contre les enfants sur lesquels il a opéré.
Après une journée consacrée à l’examen psychiatrique de l’accusé (20 mai), les 63 avocats des partis civils donneront leurs arguments de clôture (22-28 mai), suivis des plaidoiries de clôture le 2 juin et la défense le 3 juin.
Joël Le Scouarnec fera ses dernières remarques au tribunal le même jour, ou le lendemain, avant les délibérations du 4 au 6 juin et un verdict le lendemain.