Dans le nord-ouest de l’Espagne, des villageois ont bloqué les passages piétons pour protester contre l’afflux de touristes, provoquant ainsi un énorme embouteillage.
L’Espagne a connu de nombreuses manifestations contre le tourisme excessif cette année, mais un petit village a fait connaître ses griefs d’une manière très inhabituelle.
Dans le village galicien d’O Hío, dans le nord-ouest de l’Espagne, les habitants ont décidé de protester contre le volume de touristes en bloquant les passages piétons.
En les parcourant de long en large pendant 37 minutes au total, ils ont provoqué un blocage total de la circulation, aggravant ainsi le problème exact qu’ils espéraient mettre en évidence.
Les habitants maintiennent néanmoins leur décision.
Pourquoi les Espagnols bloquent-ils les passages piétons ?
« Les problèmes de circulation sont déjà fréquents, mais cette année ils ont au moins triplé », a déclaré Mercedes Villar, une habitante du quartier, au journal local La Voz de Galicia. « C’est une avalanche de voitures qui non seulement pollue, mais qui affecte aussi la vie de tout le monde, car les gens se garent où ils veulent. Nous aussi, nous avons le droit de vivre. »
Les habitants du petit village côtier affirment que, même s’ils ne sont pas contre le tourisme en soi, ils souhaitent que les autorités trouvent une solution mutuellement bénéfique afin que les résidents et les visiteurs puissent coexister en toute sérénité.
Ils disent que leurs entrées sont bloquées, que les accidents de la circulation sont de plus en plus fréquents et que les lignes jaunes de contrôle du stationnement sont ignorées.
« La manifestation avait pour but de sensibiliser et de sonner l’alarme », a déclaré un autre villageois à La Voz. « Nous voulons que les gens se montrent civilisés et compréhensifs et, s’ils voient qu’il n’y a pas de place de stationnement, qu’ils partent, comme nous devons tous le faire dans n’importe quelle ville. »
Le stationnement illégal des touristes crée un « danger » pour les habitants
Villar, qui est le porte-parole de l’association des résidents, a ajouté que si les habitants ont tendance à garer correctement leur voiture, les visiteurs qui ne le font pas créent « une situation d’insécurité et de danger ».
Les villageois ont exprimé leur inquiétude quant au fait que la situation entraîne des problèmes d’accès pour les véhicules d’urgence, citant des résidents qui avaient besoin d’être récupérés en ambulance, mais qui ont trouvé les sorties de leurs maisons bloquées ou leur transport retardé en raison du grand nombre de véhicules dans les rues.
S’adressant à La Voz, Villar a ajouté que le trafic important avait conduit à des comportements « incivils », notamment des visiteurs jonchant les routes et les aires de stationnement.
Elle affirme également que le trafic routier a entraîné la dégradation de certaines routes. « Nous voulons un tourisme ordonné et poli, respectueux de l’environnement. C’est un paradis, mais les paradis aussi se dégradent », a-t-elle déclaré.
Les habitants ont été invités à discuter de leurs plaintes
Comme de nombreux Espagnols qui protestent contre le surtourisme, Villar estime que la popularité croissante de sa région a beaucoup à voir avec l’impact des médias sociaux.
« On nous présente cet endroit comme un endroit magnifique et désert, mais ce n’est plus le cas », explique-t-elle, ajoutant que les habitants ont tendance à éviter les plages pendant la saison touristique, car elles sont tout simplement trop fréquentées.
Elle espère que les manifestations sur les passages piétons auront mis en évidence à quel point les habitants sont « irrités » par la situation.
Cela semble avoir fonctionné : en réponse, le conseil local a invité les habitants mécontents à une réunion pour discuter de leurs plaintes plus tard en septembre.
De la Cantabrie au nord à Malaga au sud, de plus en plus d’Espagnols demandent au gouvernement de changer le visage d’un tourisme de masse qu’ils estiment incontrôlable.
Ils affirment que son impact a un effet négatif sur les prix de l’immobilier et les loyers ainsi que sur le niveau de vie des résidents.
