Le gouvernement de Bayrou est à un pas de l'effondrement

Martin Goujon

Le gouvernement de Bayrou est à un pas de l’effondrement

Le Parlement français est de retour, et avec elle se trouvent les nombreux problèmes politiques du Premier ministre François Bayrou – qui pourraient très bien menacer la survie de son gouvernement minoritaire.

En l’état, les socialistes détiennent l’équilibre des pouvoirs dans une assemblée nationale fragmentée. Mais le parti est dans le désarroi avant un congrès de juin, qui est essentiel à l’avenir d’un mouvement qui a autrefois dominé la gauche politique de la France.

Le premier secrétaire des socialistes Olivier Faure est mis au défi par une alliance de forces pro-démocratiques plus modérées, sociales et européennes au sein de son parti. Et en réponse, lui et ses partisans peuvent chercher à provoquer une crise pour galvaniser le soutien de la base de l’aile gauche du parti. C’est un tour qui peut impliquer qu’il tente de débrancher le soutien lâche du groupe pour Bayrou, ce qui a été essentiel pour passer le budget tardif de 2025 en février.

Pendant ce temps, les républicains centraux-droits, qui forment un élément essentiel du gouvernement minoritaire de Bayrou, sont également en train de l’agitation. Le parti devrait élire un nouveau chef ce mois-ci, et leur président actuel Laurent Wauquie fait face à la perspective d’une défaite humiliante par un membre principal du gouvernement de Bayrou – la ligne dure et le ministre populaire de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Ce concours de leadership interne menace de devenir une bataille entre les membres du parti qui soutiennent une alliance avec le centre du président Emmanuel Macron et ceux – comme Wauquie – qui le détestent. Tout comme les socialistes de gauche, les républicains ne semblent pas raviver leurs gloires passées tandis qu’un macroniste fort, ou post-macroniste, survit. Et si Wauquie perd, il peut essayer d’exploser la coalition.

Ensuite, il y a le parti national d’extrême droite de Marine Le Pen, qui examine si et comment provoquer des méfaits en représailles pour l’interdiction de cinq ans de la fonction publique qu’elle a reçue à la suite de sa condamnation pour détournement de fonds le mois dernier.

Si tout cela n’était pas assez problématique, la propre position de Bayrou a également été affaiblie par un scandale lancien d’il y a 30 ans, concernant les allégations de violence et d’abus sexuels dans une école catholique près de sa circonscription à Pau dans les Pyrène lorsqu’il était ministre de l’Éducation. En février, Bayrou a déclaré à l’Assemblée nationale qu’il ne savait pas peu sur les allégations à l’époque. Pourtant, sa déclaration a été contredite ces derniers jours par, entre autres, sa propre fille.

Le Premier ministre devrait comparaître devant un comité parlementaire enquêtant sur l’affaire plus tard dans la journée, et une performance peu convaincante augmentera la pression des médias et de l’opposition pour son retrait de ses fonctions.

De façon réaliste, le scandale est peu susceptible de faire tomber Bayrou. | Christophe Petit Tesson / EPA-EFE

De façon réaliste, le scandale est peu susceptible de faire tomber Bayrou. Cela pourrait cependant enhardir ses ennemis parlementaires – et ses supposés amis – pour éliminer la prise pour d’autres raisons.

Le plus grand défi confronté à l’administration de Bayrou – et la raison la plus probable qu’elle ne survivra pas l’année – reste la crise budgétaire de la France.

Cela ne fait que deux mois que le budget a été adopté, et le gouvernement a déjà dû prendre des mesures d’urgence, en commençant par une réduction de 3,1 milliards d’euros de dépenses agricoles et énergétiques, afin de combler un trou de 5 milliards d’euros. La situation menace d’élargir le déficit de cette année des 5,4% du PIB promis à 5,8%.

De plus, si la France doit atteindre l’objectif de déficit de l’année prochaine de 4,6% du PIB, Bayrou doit trouver 40 milliards d’euros supplémentaires de «économies» pour le budget de 2026. Bien que le gouvernement affirme que la majeure partie de cet argent proviendra de réductions de dépenses, les ministres ont parlé de suspendre éventuellement l’inflation des pensions et d’autres paiements sociaux. Et il a également augmenté la possibilité de supprimer au moins partiellement un rabais fiscal de 10% pour les retraités introduits dans les années 1970.

Le leadership socialiste assiégé a bondi sur ces idées comme des raisons possibles de rejoindre la gauche plus large et l’extrême droite dans un mouvement de censure. Ils menacent également de renverser Bayrou si une concession clé qu’il a faite en février – réouverture des discussions d’employeur syndical sur la réforme des pensions de Macron en 2023 – ne mène pas à un projet de loi qui réduit l’âge de la retraite de l’État de 64 ans à 62 ans.

Pendant ce temps, le rassemblement national de Le Pen pourrait saisir les mêmes questions s’il décidait de se venger de sa condamnation pénale, présentant ainsi le pays dans un chaos politique renouvelé.

Pour faire tomber Bayrou, une motion de censure comme celle-ci nécessiterait les votes combinés de la plupart de la gauche divisée et de l’extrême droite (289 des 577 députés). Actuellement, le Premier ministre peut compter sur le soutien actif d’environ 210 députés – et si Wauquie divise les républicains, même ce nombre peut être diminué.

Tous ces griefs disparates conduiront sans aucun doute à une série de menaces et d’alarmes dans les semaines à venir. Et bien que les électeurs français n’aient pas d’appétit pour empiler une crise intérieure en plus des crises internationales provoquées par les actions de l’administration américaine, le gouvernement de Bayrou ne restera qu’à un pas de l’effondrement dans un avenir prévisible.

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