Les nouvelles mesures antiterroristes, qui incluent une surveillance renforcée des « services de messagerie », interviennent au lendemain d’une attaque déjouée lors d’un concert de Taylor Swift.
Le chancelier autrichien a présenté mardi à son conseil du renseignement un ensemble de mesures pour lutter contre le terrorisme, notamment une surveillance renforcée des « services de messagerie », à la suite d’une attaque terroriste déjouée ce week-end lors d’un concert de Taylor Swift.
« Il est devenu clair que le terrorisme islamiste constitue une menace pour la sécurité et la liberté en Autriche », peut-on lire dans la liste des priorités du gouvernement, publiée dans le journal autrichien Kronen Zeitüng.
« Des mesures juridiques devraient permettre aux services du ministère de la Défense et du ministère de l’Intérieur de surveiller le contenu des messages ».
Cette décision intervient après que le chancelier Karl Nehammer a déclaré aux médias allemands ce week-end que les agences de renseignement autrichiennes devraient être en mesure de décrypter les applications de messagerie comme WhatsApp, Signal et Telegram, afin que les agences de sécurité puissent en examiner le contenu si nécessaire.
La police autrichienne a arrêté trois adolescents âgés de 17 à 19 ans en lien avec une tentative d’activité terroriste le 8 août, a indiqué la police aux médias lors d’une conférence de presse.
Une perquisition au domicile d’un jeune homme de 19 ans a permis de découvrir l’équipement technique nécessaire à la fabrication d’explosifs.
Tentatives passées pour obtenir des données de messagerie pour la police
Ce n’est pas la première fois que le Parlement autrichien tente d’étendre les pouvoirs de surveillance des médias sociaux à ses forces de police.
En 2018, le gouvernement autrichien a adopté une loi autorisant les forces de police à examiner les conversations en temps réel sur WhatsApp et d’autres services si une décision de justice l’autorise en lien avec une activité terroriste.
Une section du Code de procédure pénale récemment adopté (ou Strafprozessordnung en allemand) permet à un logiciel dit « cheval de Troie fédéral » de contourner le cryptage de ces applications de messagerie.
La Cour constitutionnelle autrichienne a finalement invalidé certaines parties de cette loi en 2019, affirmant qu’il s’agissait d’une « atteinte grave aux droits des utilisateurs à la vie privée », selon son arrêt.
La décision a qualifié le logiciel Trojan de forme de surveillance « particulièrement intense » car les données obtenues par les systèmes informatiques comprennent des informations sur les préférences personnelles, les tendances et le mode de vie.
Après l’attentat terroriste de Vienne en 2020, le gouvernement a réessayé.
L’affaire d’un cheval de Troie fédéral a pris de l’ampleur cette année après qu’Egisto Ott, un ancien officier des services de renseignement autrichiens, a été accusé d’avoir prétendument transmis aux Russes les données des téléphones portables de hauts fonctionnaires.
Epicenter.works, une ONG autrichienne de défense des droits fondamentaux, a déclaré dans un communiqué de presse en juillet qu’un cheval de Troie fédéral permettant de contourner le cryptage « mettrait en péril la sécurité de tous les smartphones ».
« Pour un cheval de Troie d’État, l’État doit dépenser l’argent des contribuables pour combler des failles de sécurité… c’est là que l’absurde inversion des intérêts devient évidente », indique le communiqué.
Pour l’instant, la Direction de la protection de l’État (DSN) du pays dispose d’une division de sa police nationale qui examine les plaintes déposées contre des contenus en ligne traitant d’extrémisme ou de terrorisme.
Ces plaintes seront ensuite transmises à l’entreprise de médias sociaux qui les traite, qui devra décider si le contenu viole ses normes.