La Pologne adopte une loi sur "l'influence russe" qui pourrait viser l'opposition

Jean Delaunay

La Pologne adopte une loi sur « l’influence russe » qui pourrait viser l’opposition

Les critiques disent que le parti au pouvoir en Pologne est en train de créer un mécanisme qui lui permettrait de mobiliser l’appareil judiciaire contre les opposants politiques.

Les législateurs polonais ont voté vendredi pour approuver une loi controversée sur l’influence russe critiquée par l’Union européenne et les États-Unis.

On craint que la loi, proposée en mai par le parti droit et droit au pouvoir en Pologne (PiS), ne soit utilisée pour cibler l’opposition politique.

Lorsqu’il entrera en vigueur, il créera un puissant comité d’experts qui pourra enquêter sur les allégations d’ingérence russe en Pologne et nommer les politiciens qui l’autoriseraient.

Le comité pourrait alors interdire aux personnes concernées d’occuper des fonctions publiques.

Cependant, les critiques disent qu’il vise principalement l’ancien Premier ministre Donald Tusk, qui devrait se présenter aux élections législatives plus tard cette année.

PiS accuse Tusk d’avoir été trop amical envers la Russie et le président Vladimir Poutine en tant que Premier ministre entre 2007 et 2014 et d’avoir conclu des accords gaziers favorables à Moscou.

Tusk s’est ensuite rendu à Bruxelles pour être le président du Conseil européen entre 2014 et 2019. Lui et le chef du PiS Jarosław Kaczyński sont des rivaux politiques de longue date.

Suite aux critiques, le président Andrzej Duda a proposé des amendements urgents à la loi pour l’assouplir.

La chambre basse polonaise (Sejm) a voté par 235 voix contre 214 et quatre abstentions pour rejeter le veto du Sénat au projet de loi amendé par Duda. La législation exige désormais la signature de Duda pour prendre effet.

Le projet de loi modifié appelle à une commission chargée de vérifier si entre 2007 et 2022, les politiciens ont pris des décisions sous l’influence de la Russie qui pourraient menacer la sécurité de la Pologne.

Duda affirme que c’est nécessaire pour des raisons de transparence et pour empêcher la Russie de mettre en péril la stabilité future de la Pologne.

Le département d’État américain et les autorités de l’UE ont vivement critiqué la loi dans sa première version et ont exprimé des inquiétudes quant à ses implications pour la démocratie en Pologne.

Les empiètements du PiS sur l’indépendance du pouvoir judiciaire ont soulevé l’alarme internationale ces dernières années.

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