The Airbnb app icon is displayed on an iPad screen in Washington, D.C., on May 8, 2021. Airbnb Inc.

Milos Schmidt

La France décide de durcir les règles d’Airbnb au milieu d’une dispute sur les locations à court terme

La libéralisation du marché de la location touristique n’est pas seulement une préoccupation française. D’autres pays réfléchissent à la question depuis quelques années.

Les politiciens français ont adopté une loi visant à rendre plus difficile la location de leur propriété sur Airbnb pour des locations à court terme.

La nouvelle loi bénéficie du soutien de tous les partis et vise à mieux réguler le marché de la location meublée d’hébergements touristiques. Il a notamment corrigé une faille fiscale très critiquée qui profitait aux plateformes de location courte durée. La loi redonne également aux maires un certain pouvoir pour lutter contre la crise du logement en France. Elle devrait prendre effet au début de l’automne.

Certains hommes politiques de droite se sont montrés réticents à soutenir le changement et certaines mesures du projet de loi ont été affaiblies tandis que les hommes politiques de gauche ont réclamé des mesures encore plus dures.

Un consensus pour réguler, mais pas sur comment.

Ce changement signifie que l’allègement fiscal sur les revenus provenant de la location de logements touristiques meublés sera réduit à 30 %, contre 71 % auparavant et actuellement.

Par ailleurs, il est prévu de généraliser un numéro d’immatriculation pour toutes les locations de meublés de tourisme, outil de suivi réclamé depuis longtemps par les maires français pour leur permettre de mieux maîtriser l’évolution de leur parc immobilier. Il réglemente également la prolifération des résidences secondaires en autorisant les conseils locaux à limiter les nouvelles constructions dans certaines zones aux résidences principales.

Le directeur général d’Airbnb pour la France et la Belgique, Clément Eulry, s’est déclaré globalement favorable aux nouvelles règles.

Un problème qui dépasse les frontières françaises

La libéralisation du marché immobilier par la location touristique n’est pas qu’un phénomène français. L’Union européenne et ses pays membres s’attaquent à ce problème depuis plusieurs années.

Plusieurs capitales et villes européennes ont déjà pris des mesures pour se protéger.

Amsterdam fait payer à Airbnb la taxe de séjour et impose aux propriétaires une limite de 60 jours de location par an, avec un budget d’un million d’euros pour traquer les contrevenants. Berlin dispose d’une loi qui interdit la location d’une propriété entière à la nuitée et limite la location à une seule pièce avec permis, avec le risque d’une amende de 100 000 € en cas de non-respect.

Barcelone exige un permis pour les locations touristiques, impose une taxe et limite les locations à deux chambres avec le propriétaire résident, avec de lourdes sanctions en cas de non-respect. Dublin nécessite un permis pour louer dans la région de Temple Bar. Lisbonne a signé un accord avec Airbnb qui prévoit le partage de logements et le paiement d’une taxe de séjour.

Airbnb a déjà fait l’objet d’une saisie de 779 millions d’euros par les autorités italiennes, qui l’accusaient de ne pas avoir collecté l’impôt sur les revenus locatifs perçus par les propriétaires entre 2017 et 2021.

Le Parlement européen précise qu’entre 2019 et 2023, le nombre de nuitées de pointe a augmenté, passant de 96,9 millions de nuits mensuelles en août 2019 à 124,7 millions de nuits mensuelles en août 2023.

Une initiative européenne pour assurer une régulation efficace du marché de la location de courte durée.

La Commission européenne et ses organes directeurs tentent d’harmoniser la législation des 27 États membres et ont convenu d’accroître la transparence des locations à court terme et de promouvoir le tourisme durable.

Les mesures comprennent un processus d’enregistrement en ligne pour les hôtes dans l’UE, offrant un numéro d’enregistrement pour faciliter l’identification et la vérification par les autorités. Les plateformes en ligne devront, entre autres, vérifier les détails des propriétés et effectuer des contrôles ponctuels, les autorités pouvant suspendre les enregistrements et imposer des amendes en cas de non-conformité.

Le Parlement européen a également approuvé de nouvelles règles pour un secteur de la location de courte durée responsable et transparent en février 2024. Une fois adoptées par le Conseil, les États membres disposeront de 24 mois pour mettre en œuvre les nouvelles règles.

Laisser un commentaire

quinze + 16 =