A woman waves a Kanak and Socialist National Liberation Front (FLNKS) flag in Noumea, New Caledonia, Wednesday May 15, 2024.

Jean Delaunay

La décision de la France de bloquer TikTok en Nouvelle-Calédonie au milieu de violents affrontements suscite la controverse

L’accès à la plateforme de médias sociaux sur le territoire français a été bloqué suite aux violents affrontements de cette semaine qui ont entraîné la mort de cinq personnes.

Le gouvernement français fait face à des poursuites judiciaires après avoir bloqué la plateforme de médias sociaux Tiktok en Nouvelle-Calédonie après qu’une vague de violence ait entraîné la déclaration de l’état d’urgence.

De violents affrontements font rage depuis lundi dans l’archipel du Pacifique Sud, une région d’outre-mer de la France, faisant cinq morts et plus d’une centaine de blessés.

Deux policiers figuraient parmi les victimes de la pire vague de violence sur le territoire depuis 1988.

La suspension de TikTok serait la première fois en France et dans l’Union européenne qu’une plateforme entière de réseau social serait fermée par les autorités.

La loi française autorise le gouvernement, en cas d’état d’urgence, à « prendre toute mesure pour assurer l’interruption de tout service de communication publique en ligne qui incite ou glorifie des actes de terrorisme », mais les critiques ont exprimé leurs inquiétudes quant à cette décision.

Deux associations de défense des libertés civiles, la Ligue des droits de l’Homme et La Quadrature du Net ont déposé des recours séparés contre cette décision, cette dernière qualifiant la fermeture de « censure » et de « coup dur porté à la liberté d’expression ».

Le gouvernement français a également évoqué les risques posés par la désinformation et les éventuelles ingérences « nourries par des pays étrangers », a déclaré un porte-parole du cabinet du Premier ministre au média français Numerama.

TikTok a déclaré qu’il était « regrettable » que la décision de bloquer son application ait été prise « sans aucune demande ni question, ni aucune demande de retrait de contenu, de la part des autorités locales ou du gouvernement français ».

Dans un communiqué, elle ajoute que ses équipes « surveillent la situation de très près et veillent à ce que notre plateforme soit sécurisée » tout en restant à la disposition des autorités.

Une première dans un pays de l’UE

Le gouvernement français a demandé à l’opérateur du réseau du territoire de bloquer l’accès aux adresses des serveurs menant aux réseaux sociaux sur les smartphones.

La Nouvelle-Calédonie dispose d’un cadre juridique très spécifique et d’un point de vue technique, cela est possible car un service unique est en charge des télécoms du territoire.

Cependant, cette méthode peut être contournée, par exemple en utilisant un VPN.

Le gouvernement français avait déjà évoqué la possibilité de supprimer certaines plateformes sociales au cours de l’été 2023, lorsque des émeutes urbaines ont eu lieu dans le pays, mais n’ont pas donné suite.

Les premiers affrontements en Nouvelle-Calédonie ont eu lieu lundi alors qu’une réforme constitutionnelle était débattue à l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, pour élargir l’électorat pouvant voter aux élections provinciales et aux référendums.

La réforme permettrait notamment aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie – une région qui débat de ses futures relations avec la France – de pouvoir voter depuis plus de 10 ans.

Cependant, les indépendantistes craignent que cette réforme conduise à une sous-représentation des Kanaks, le peuple indigène, qui représente 41 pour cent de la population du territoire.

Les Kanaks sont généralement confrontés à un niveau de vie inférieur, à un chômage plus élevé et à un accès limité à un logement et à une éducation de qualité par rapport à la population non kanak.

La Nouvelle-Calédonie a organisé trois référendums sur l’indépendance de la France, tous aboutissant à une majorité de votes contre.

Le dernier scrutin, organisé en 2021 pendant la pandémie de COVID-19, a été boycotté par les groupes indépendantistes.

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