Bastien

J’ai l’impression d’avoir gagné au loto : elle touche 1.200 € par mois de revenu universel

Et si une simple allocation mensuelle pouvait transformer radicalement la vie d’un individu ? C’est la promesse testée par une expérimentation inédite en Allemagne, où 122 citoyens, tirés au sort parmi des millions, perçoivent depuis juillet 2021 un revenu universel de 1 200 euros par mois, sans condition de ressources ni exigence d’activité.

Une expérimentation d’envergure pour dépasser les idées reçues

Lancée à la fin de l’année 2020, cette étude a suscité un engouement massif. Plus de 2,5 millions de personnes se sont portées volontaires pour y participer. À l’arrivée, seuls 122 individus ont été sélectionnés au hasard, dans le cadre d’un protocole strict supervisé par l’Institut allemand de recherche économique.

Le montant versé, 1 200 € mensuels, a été fixé pour se situer légèrement au-dessus du seuil de pauvreté allemand, estimé à 1 160 €. Pour référence, ce seuil est actuellement de 1 015 € en France. L’objectif ? Aller au-delà des débats idéologiques et confronter le revenu universel à la réalité du quotidien, dans toutes ses dimensions : économique, sociale, psychologique.

Une sécurité financière qui change le rapport à la vie

« J’ai l’impression d’avoir gagné au loto », confie Elisabeth, une bénéficiaire originaire du Bade-Wurtemberg, région frontalière de l’Alsace. Employée, elle continue de travailler tout en profitant de cette allocation mensuelle, qui, selon ses mots, améliore profondément son bien-être.

Elle remarque notamment un effet immédiat sur la qualité de son sommeil : « Je dors mieux, je fais des nuits complètes et beaucoup plus calmes. » Trois entretiens avec des sociologues sont prévus pour chaque participant durant l’expérience, afin de documenter les impacts sur la santé mentale, la consommation, le stress et le mode de vie.

Les bénéficiaires ne quittent pas leur emploi

Contrairement à certaines craintes, les premiers retours ne montrent pas un désengagement massif du travail. La majorité des volontaires conserve leur emploi, mais certains en profitent pour explorer une reconversion ou réorganiser leur temps de travail.

Pour Antonio Brettschneider, sociologue à la Technische Hochschule de Cologne, cette étude permet d’observer comment un revenu inconditionnel agit sur des trajectoires individuelles : « Nous cherchons à mesurer scientifiquement l’impact sur le travail, l’alimentation, le bien-être, les décisions de vie. »

Les premiers enseignements suggèrent une forme de stabilisation émotionnelle et financière, plus qu’un retrait du marché du travail. Un point fondamental dans un débat souvent polarisé entre vision utilitariste et approche humaniste.

En attente de conclusions politiques

Cette expérimentation doit durer trois ans, avec une publication finale prévue en 2024. Les résultats seront alors soumis au gouvernement allemand pour évaluer l’opportunité d’une généralisation ou d’une adaptation du concept à l’échelle nationale.

Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Mais ce que cette initiative révèle déjà, c’est que le revenu universel ne se résume pas à une ligne budgétaire : il interroge profondément notre rapport au travail, à la sécurité, à la dignité.

Loin des discours abstraits, l’expérience allemande apporte des données concrètes, humaines, mesurables. Et dans une époque traversée par l’incertitude, elle invite à réfléchir à ce que signifie réellement garantir à chacun un filet de sécurité stable et inconditionnel.

Laisser un commentaire

trois × 4 =