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Jean Delaunay

Exclusif : l’UE veut interdire de fumer et de vapoter dans les espaces extérieurs, selon un projet divulgué

La Commission européenne va recommander l’interdiction de fumer sur les terrasses des cafés, aux arrêts de bus et dans les zoos, et les projets s’étendent également aux produits sans nicotine, selon un document divulgué obtenu par L’Observatoire de l’Europe.

La Commission européenne va proposer demain (17 septembre) d’étendre les interdictions de fumer existantes aux espaces extérieurs, y compris aux produits innovants qui ne contiennent pas de nicotine, selon un projet divulgué consulté par L’Observatoire de l’Europe.

Ces projets, qui devraient être adoptés demain par l’exécutif européen, élargiraient les directives actuelles de 2009 visant à réduire l’exposition au tabagisme passif dans les lieux publics, les lieux de travail et les transports publics.

La dernière version du projet – consultée par L’Observatoire de l’Europe et encore sujette à modifications – vise à débarrasser les espaces publics de tous les aérosols, et pas seulement de la fumée de cigarette, reflétant les inquiétudes croissantes concernant les risques pour la santé posés par les nouveaux produits du tabac tels que les cigarettes électroniques.

Ces lignes directrices ne sont pas juridiquement contraignantes, mais fournissent un cadre que les États membres peuvent suivre dans le cadre d’efforts plus vastes visant à réduire le cancer lié au tabac. La Commission affirme que les premières années de mise en œuvre, entre 2009 et 2012, ont déjà permis de constater une baisse de l’exposition.

Cibler les nouveaux produits du tabac

Les nouvelles recommandations de la Commission visent à s’attaquer à une gamme plus large de produits émergents, notamment « les produits du tabac chauffé et les cigarettes électroniques, qu’ils contiennent ou non de la nicotine ».

De même, la Commission souhaite inclure « les substituts du tabac et tout autre produit émettant de la fumée et/ou des aérosols », montre le document divulgué.

Ces produits, souvent commercialisés comme des alternatives plus sûres au tabac traditionnel, exposent néanmoins les fumeurs à des produits chimiques nocifs par le biais d’aérosols de seconde main, indique le document. « Les preuves de l’utilisation de produits émergents comme aide au sevrage tabagique ne sont pas concluantes », indique le document.

Cette répression intervient dans un contexte où il existe de plus en plus de preuves selon lesquelles l’exposition indirecte aux « aérosols des cigarettes électroniques, avec ou sans nicotine, expose les personnes présentes à des niveaux quantifiables de particules et de substances toxiques et contaminantes clés », indique le projet.

Nouvelles zones d’interdiction de fumer

L’un des éléments clés de la proposition est l’extension de l’interdiction de fumer à divers espaces extérieurs, qui était jusqu’à présent réglementée au cas par cas dans chaque État membre.

« Le niveau de couverture des règles antitabac varie considérablement en fonction du type d’environnements sans tabac, et le niveau général de couverture des espaces extérieurs dans les politiques antitabac est faible », a déclaré la Commission pour justifier la nécessité de protections plus larges dans les espaces publics.

En vertu des nouvelles directives, les espaces extérieurs ou semi-extérieurs (définis comme des espaces partiellement couverts ou fermés comme les toits, les balcons, les porches et les patios) associés aux établissements de services tels que les restaurants, les bars et les cafés devraient devenir des zones sans fumée.

Les centres de transport public, y compris les arrêts de bus et les aéroports, seraient également couverts, et il serait également interdit de fumer dans les espaces extérieurs liés aux lieux de travail, aux hôpitaux et aux maisons de retraite.

Sont également inclus les espaces récréatifs où sont présents des enfants, notamment les terrains de jeux publics, les parcs d’attractions, les piscines et les zoos, ainsi que les locaux éducatifs allant de la garderie préscolaire à l’université.

Lobby du tabac

La proposition de la Commission, initialement prévue pour janvier, a été retardée, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’engagement de l’UE envers son programme de lutte contre le tabac.

Une réforme liée à la directive européenne sur la taxation du tabac a également été repoussée à 2025, et certains se demandent si l’industrie du tabac a influencé ces décisions.

Dans un rapport de décembre 2023, le Médiateur européen a critiqué la Commission pour ne pas avoir divulgué les réunions avec les lobbyistes de l’industrie du tabac.

Malgré ces revers, la commissaire sortante à la Santé, Stella Kyriakides, semble prête à mettre à jour les recommandations du Conseil demain, quelques semaines seulement avant la fin du mandat de la Commission.

« L’usage du tabac, la dépendance à la nicotine et les maladies liées au tabac ne devraient pas avoir leur place dans l’avenir de l’Europe », a déclaré Kyriakides dans un communiqué à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac.

Les lignes directrices révisées font partie du plan plus vaste de la Commission pour vaincre le cancer, qui vise à parvenir à une « génération sans tabac » d’ici 2040, à réduire la consommation de tabac de 30 % d’ici 2025 et à réduire la part de la population de l’UE qui fume à seulement 5 %.

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