A person camps outside the city hall of Mons, December 2013

Jean Delaunay

Eurovues. L’UE doit travailler avec les villes européennes pour mettre fin au sans-abrisme des jeunes

Notre message est clair : nous ne pouvons parvenir à un changement durable que si tous les niveaux de gouvernement travaillent ensemble dans un partenariat stratégique d’action, écrit Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon.

Le sans-abrisme des jeunes continue d’augmenter dans les villes européennes. Il s’agit d’une tendance profondément inquiétante qui a été aggravée par d’importantes crises récentes, notamment l’impact de la pandémie de COVID-19, l’augmentation du coût de la vie et le prix du logement inabordable.

Partout en Europe, les services locaux entrent en contact avec un nombre croissant de jeunes sans abri, dont beaucoup sont confrontés à une série de défis complexes.

Pour les dirigeants municipaux, cette augmentation du nombre de jeunes sans-abri est très préoccupante. Il est essentiel de lutter contre le sans-abrisme chez les jeunes pour briser le cycle permanent du sans-abrisme chronique et répété et pour investir dans l’avenir des jeunes. Il s’agit également d’un facteur clé dans l’ambition globale de l’UE de mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030.

Dans le but de faire face à ce problème croissant, les autorités municipales ont développé de multiples initiatives pour apporter un soutien aux jeunes. Mais nous reconnaissons que nous ne pouvons pas surmonter cette situation seuls.

Si nous voulons garantir un changement durable, il est essentiel que l’UE, les niveaux de gouvernement nationaux et locaux en Europe travaillent ensemble pour élaborer des plans stratégiques ambitieux qui mettront fin une fois pour toutes au sans-abrisme des jeunes.

Toucher les plus vulnérables

Lorsqu’il s’agit d’identifier des données à l’échelle de l’UE sur le sans-abrisme des jeunes, la situation est difficile. Les niveaux de sans-abrisme chez les jeunes signalés par les villes varient considérablement, avec des chiffres allant de quelques dizaines à plus d’un millier.

Cependant, un nouveau rapport d’Eurocities, « Mettre fin au sans-abrisme des jeunes dans les villes », a pu apporter un plus grand éclairage sur la situation.

Utilisant des données provenant de 29 villes européennes, le rapport décrit les principaux problèmes qui poussent les jeunes vers le sans-abrisme, tout en montrant également les mesures positives prises par les villes pour répondre à la crise.

Pour ceux qui ne peuvent pas compter sur des relations familiales saines, une expérience traumatisante et les défis liés à la navigation dans un système de protection sociale complexe peuvent rendre la transition vers l’âge adulte abrupte et difficile.

Un bénévole de l'Ordre de Malte Bertand de Villermont auprès d'un sans-abri à Boulogne-Billancourt, près de Paris, décembre 2014
Un bénévole de l’Ordre de Malte Bertand de Villermont auprès d’un sans-abri à Boulogne-Billancourt, près de Paris, décembre 2014

Notamment, 96 % des villes déclarent que la toxicomanie est l’un des principaux facteurs d’itinérance chez les jeunes, tandis que 79 % des villes soulignent les problèmes de santé, notamment les problèmes de santé mentale.

Pour ceux qui ne peuvent pas compter sur des relations familiales saines, une expérience traumatisante et les défis liés à la navigation dans un système de protection sociale complexe peuvent rendre la transition vers l’âge adulte abrupte et difficile.

Environ 79 % des villes mentionnent la violence domestique, l’éclatement de la famille et les traumatismes. En outre, 96 % des villes déclarent que les personnes qui sortent d’une famille d’accueil sont particulièrement à risque.

L’impact des crises mondiales

Les différentes crises auxquelles l’Europe a été récemment confrontée sont également des facteurs importants dans l’augmentation du taux de sans-abrisme chez les jeunes.

Les confinements imposés pendant la pandémie de COVID-19 ont entraîné des pertes d’emploi, en particulier parmi les jeunes occupant des emplois précaires, ce qui a eu un impact sur leur capacité à payer leurs factures.

Un nombre record de jeunes ont dû dépendre de l’aide alimentaire pour survivre tout en abandonnant l’école, ce qui les expose également à un risque accru de se retrouver sans abri.

Dans la plupart des pays, les niveaux de revenus n’ont pas augmenté, ce qui réduit les revenus des jeunes et les oblige à choisir entre le loyer, la nourriture et les factures d’énergie. Leurs budgets réduits ont également réduit leur capacité à obtenir un logement, en particulier sur des marchés hautement concurrentiels.

Un sans-abri, à droite, passe par là
Un sans-abri, à droite, passe devant « Ecoute », une sculpture de l’artiste français Henri de Miller dans le jardin Nelson Mandela à Paris, avril 2020.

La forte hausse de l’inflation et la crise du coût de la vie qui en résulte sont mentionnées par presque toutes les villes comme des facteurs majeurs contribuant à l’augmentation des niveaux de sans-abrisme. Selon les données locales, 92 % des villes mettent en avant l’impact d’un logement inabordable, lié à des revenus insuffisants.

Dans la plupart des pays, les niveaux de revenus n’ont pas augmenté, ce qui réduit les revenus des jeunes et les oblige à choisir entre le loyer, la nourriture et les factures d’énergie. Leurs budgets réduits ont également réduit leur capacité à obtenir un logement, en particulier sur des marchés hautement concurrentiels.

Les réponses innovantes des villes

Malgré la myriade de défis rencontrés par les jeunes sans abri, de nombreuses actions réussies sont également mises en œuvre par les gouvernements municipaux pour leur apporter un soutien.

Dans la Métropole de Lyon, par exemple, nous augmentons l’offre de logements sociaux et abordables pour les jeunes.

Des mesures ont été prises pour réguler le marché du logement privé, y compris les locations touristiques à court terme, ce qui peut pousser les personnes vulnérables vers la périphérie de la ville.

Le logement abordable doit être une priorité pour la communauté européenne, en finançant les investissements et le soutien social d’une part et en régulant le marché immobilier d’autre part.

Des gens profitent d'un point de vue à Lyon, octobre 2023
Des gens profitent d’un point de vue à Lyon, octobre 2023

Notre projet Logis Jeune aide les jeunes majeurs et les jeunes en fin de vie à vivre de manière indépendante grâce à une approche Housing First, et le projet « un toit, un emploi » s’attaque à la fois aux problèmes d’emploi et de logement rencontrés par les jeunes aux très faibles ressources.

La Métropole a créé son propre Revenu de Solidarité Jeunesse, le « Revenu de solidarité jeune », pour les personnes de moins de 25 ans qui n’ont pas droit aux aides de l’État.

Nous avons également mis à la disposition des jeunes issus de l’immigration des logements temporaires.

Un partenariat stratégique pour un changement durable

Cependant, même si les villes réalisent de nombreux progrès, notre message est clair : nous ne pouvons parvenir à un changement durable que si tous les niveaux de gouvernement travaillent ensemble dans le cadre d’un partenariat stratégique d’action.

Si ce partenariat doit véritablement mettre fin au sans-abrisme chez les jeunes, les stratégies nationales et européennes doivent accroître le financement accessible aux villes, afin que nous puissions créer des projets locaux qui font réellement la différence.

Le logement abordable doit être une priorité pour la communauté européenne, en finançant les investissements et le soutien social d’une part et en régulant le marché immobilier d’autre part.

L’importance du sans-abrisme doit également être reflétée dans la législation générale relative à l’éducation, à la migration et à la santé, et les politiques nationales et européennes doivent soutenir des logements sociaux et plus abordables pour les jeunes.

Au niveau de l’UE, l’implication des villes dans la Plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme doit être renforcée, et il est crucial de créer une méthodologie européenne claire pour la collecte de données sur le sans-abrisme dans toute l’Europe.

De plus, une approche centrée sur les jeunes doit être incluse dans toutes les stratégies européennes, nationales et locales de lutte contre le sans-abrisme.

À l’approche des élections européennes, le moment est venu d’agir.

Nous aurons bientôt un nouveau mandat de l’UE et avec lui la possibilité de revoir et d’améliorer les politiques de l’Union visant à soutenir les jeunes menacés de sans-abrisme.

Il est essentiel que les prochaines institutions européennes donnent aux villes un rôle actif dans ce processus, en renforçant leur implication pour mettre fin au sans-abrisme des jeunes d’ici 2030.

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