Les partisans du projet de loi soutiennent que c’est un moyen de lutter contre le déclin économique et social des zones rurales, tandis que les critiques s’inquiètent des risques pour la santé.
Si vous imaginiez un village de la campagne française dans les années 1960, il y aurait probablement un bar – ou bistrot en français – quelque part entre la boulangerie et le bureau de poste. Aujourd’hui, il y a de fortes chances que aucun de ces trois endroits ne soit là.
Afin de lutter contre le déclin économique des zones rurales, l’Assemblée nationale française a adopté un projet de loi lundi, ce qui facilite l’ouverture des bars dans les villages de moins de 3 500 habitants qui n’en ont pas.
Les partisans du projet de loi disent que c’est un moyen de revitaliser ces régions, dans un pays où les deux tiers des villes n’ont plus de magasins locaux.
La loi donnerait aux barreaux dans les petites villes le pouvoir de vendre des alcools durs grâce à une simple déclaration du maire, desserrant les réglementations existantes.
Il est actuellement impossible de créer de nouveaux permis d’alcool dur en France. Un café ne peut servir des boissons alcoolisées plus fortes que le vin et la bière que si un autre bar local accepte de lâcher sa propre licence, et le transfert doit être autorisé par les autorités.
Pour Guillaume Kasbarian, le législateur derrière la loi, ce cadre juridique est «obsolète». Les cafés «aident à maintenir et parfois même à restaurer un sentiment de communauté. Chaque Français devrait avoir accès à eux, partout où il vit », a-t-il déclaré à l’Assemblée nationale. «Prendre un verre dans un café ne peut pas devenir un privilège urbain.»
Kasbarian, qui appartient au parti présidentiel du centre-droit et était jusqu’à récemment le ministre français de la fonction publique, a également déclaré que ramener les bars du village aiderait à stimuler les économies locales et à créer des emplois dans les zones rurales.
Les législateurs ont également adopté un amendement qui empêcherait ces nouvelles licences d’être vendues aux bars dans d’autres villes, afin d’éviter la spéculation.
Le nombre de bars en France est passé de 200 000 à 35 000 au cours des 50 dernières années, un chiffre qui pourrait également être lié à une diminution de la consommation d’alcool dans le pays.
Le projet de loi a été adopté presque à l’unanimité malgré les inquiétudes de la gauche et plusieurs associations sur les risques pour la santé. L’alcool provoque 49 000 décès chacun en France, selon le ministère de la Santé.
Avant le vote lundi, la Société française de la santé publique avait critiqué «l’idée que le développement des liens communautaires, dans les zones rurales comme ailleurs, devrait être basé sur les bars d’ouverture avec des licences de boissons alcoolisées, plutôt que sur la fourniture de services et d’activités sociales, éducatifs ou culturels.»
Le projet de loi doit toujours traverser le Sénat pour entrer en vigueur.