Elections françaises : que se passe-t-il ?

Martin Goujon

Elections françaises : que se passe-t-il ?

PARIS — Les élections législatives françaises n’ont pas donné de vainqueur clair, plongeant le pays dans l’incertitude et laissant tout le monde se demander qui sera le prochain Premier ministre du pays.

Plusieurs jours après le vote, il est encore quasiment impossible de prédire comment les choses évolueront. Pourtant, il va falloir essayer. Que vous vous demandiez vraiment ce qui va se passer ensuite ou que vous souhaitiez simplement avoir l’air élégant au cas où le sujet serait abordé au cours d’une conversation à table, nous avons ce qu’il vous faut.

Qui a gagné?

Aucun parti ni aucune coalition n’a remporté suffisamment de sièges (289) pour revendiquer une majorité absolue à l’Assemblée nationale, la chambre basse du pays. Par conséquent, personne ne peut proposer le nom d’un Premier ministre avec l’assurance d’obtenir le soutien d’une majorité des députés lors d’un vote.

Le Nouveau Front populaire (Nouveau Front populaire), alliance de gauche, est arrivé en tête avec 188 sièges, suivi par l’alliance centriste du président français Emmanuel Macron, Ensemble, qui a remporté 161 sièges. Ces deux coalitions regroupent plusieurs partis. Après avoir triomphé aux élections européennes le mois dernier, le Rassemblement national (extrême droite) a terminé troisième (142 sièges). Il s’agit cependant du plus grand parti.

Qui choisira le prochain Premier ministre ?

La Constitution française prévoit que Macron, en tant que président, nomme le Premier ministre. Mais le prochain Premier ministre français doit avoir le soutien d’une majorité de députés pour diriger le pays.

L’alliance de gauche est arrivée en tête des élections et revendique le droit de proposer le prochain Premier ministre et de former un gouvernement.

Les deux précédents Premiers ministres français, Elisabeth Borne et Gabriel Attal, tous deux issus du camp de Macron, ont dirigé le pays sans même disposer de la majorité absolue au Parlement. Ils ont tous deux survécu aux motions de censure proposées par l’opposition.

Les partis qui composent l’alliance de gauche victorieuse — la France insoumise, le Parti socialiste, les Verts et le Parti communiste — sont actuellement en pourparlers pour trouver un nom pour le futur Premier ministre. Après avoir promis de trouver un accord d’ici la fin de la semaine, ils ont déjà fait savoir qu’ils auraient besoin d’un peu plus de temps.

Qu’est-ce qui pourrait sortir de l’impasse ?

Une coalition.

Plusieurs scénarios sont sur la table.

Macron a écrit mercredi qu’il ne nommerait un Premier ministre que s’il s’appuyait sur une coalition « solide, nécessairement plurielle », qu’il a qualifiée de « front républicain ». Il a également prévenu que ce processus prendrait « un peu de temps ».

Certains poids lourds de droite du camp de Macron, comme le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ou l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, se sont montrés favorables à l’idée d’une coalition réunissant le centre et des députés du parti conservateur Les Républicains.

L’alliance de gauche n’a pas encore entériné de coalitions qui dépasseraient son propre camp. Mais le camp de Macron mise sur une division interne à l’alliance de gauche, par exemple entre les socialistes les plus modérés et les plus radicaux de la France insoumise.

Les négociations de coalition sont un terrain quasiment inexploré dans l’histoire récente de la France, car au cours des 20 dernières années, les élections parlementaires ont généralement abouti à une majorité claire et à des gouvernements issus du même camp politique que le président. Les choses se sont compliquées en 2022, lorsque Macron a perdu la majorité absolue au sein de son parti. Mais son camp disposait toujours du plus grand nombre de sièges et il était toujours en mesure de nommer un Premier ministre issu de son propre camp politique.

Et après?

Notez cette date dans votre agenda : à partir du jeudi 18 juillet, les choses pourraient commencer à s’éclaircir un peu.

Ce jour-là, les législateurs se réuniront pour la première fois à l’Assemblée nationale et voteront pour choisir leur prochain président du Parlement.

Le président de l’Assemblée nationale joue un rôle clé dans la conduite des débats. Mais cette fois, son élection sera scrutée avec encore plus d’attention, car elle donnera les premières indications sur la formation de certaines alliances. Cela pourrait nous donner un aperçu du fonctionnement du parlement français à l’avenir.

Si une majorité absolue (plus de la moitié des députés votants) de l’Assemblée nationale est d’accord lors du vote, alors, voilàil y a un président. Si – ce qui semble plus probable – aucun candidat n’obtient la majorité absolue lors des deux premiers tours de scrutin, celui qui obtiendra le plus de voix lors du troisième tour deviendra président.

À ce stade, le Nouveau Front populaire de gauche devrait être en mesure d’élire quelqu’un dans ses rangs, à moins que d’autres groupes ne convergent vers un candidat alternatif – gardez également un œil sur cela, car cela pourrait révéler l’existence d’alliances alternatives pour former un gouvernement.

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