Des répliques de navires de guerre américains filmées en plein désert chinois

Bastien

Des répliques de navires de guerre américains filmées en plein désert chinois

Dans un désert aride à des milliers de kilomètres de toute côte, la Chine façonne des ombres navales qui n’existent que pour être détruites. Les images satellites captées récemment révèlent la présence de structures grandeur nature imitant des vaisseaux américains. Un indice visuel de plus dans la stratégie de modernisation militaire engagée par Pékin, et un signal potentiellement adressé à Washington.

Des cibles grandeur nature dans le désert du Xinjiang

Des images satellites montrent que la Chine a érigé des répliques de navires de guerre américains dans le désert du Taklamakan, au cœur de la région du Xinjiang, dans l’ouest du pays. Ces structures, modélisées à l’échelle réelle, incluent notamment une silhouette évoquant un porte-avions et une autre reprenant la forme d’un destroyer. Certaines sont fixées sur rails, d’autres semblent plus rudimentaires, en deux dimensions, tandis que certaines affichent un niveau de complexité plus avancé.

D’après les analyses d’archives satellites, la première structure identifiable — celle en forme de porte-avions — remonterait au printemps 2019. Elle aurait été partiellement démontée en décembre de la même année, avant qu’un regain d’activité ne soit observé à l’automne 2021, suggérant une remise en service du site. Ce dernier aurait déjà été utilisé par le passé pour tester des missiles balistiques, ce qui accrédite la thèse d’un champ de tir spécialisé pour entraîner les forces chinoises à la neutralisation de cibles navales ennemies.

Des capacités militaires en expansion rapide

Ce dispositif de simulation s’inscrit dans une stratégie militaire plus large, documentée récemment dans un rapport du département américain de la Défense. Selon ce rapport, la Chine accélère le développement de missiles capables de frapper des cibles navales à longue distance, notamment le DF-21D, un missile balistique à portée de plus de 1 500 kilomètres. Présenté comme un outil de dissuasion, ce missile serait conçu pour neutraliser des bâtiments de surface majeurs, y compris des porte-avions américains, depuis le territoire chinois.

L’utilisation de ces missiles lors de manœuvres militaires dans le passé récent a été perçue par certains analystes comme un message clair, voire une démonstration de force, visant à dissuader toute intervention étrangère dans un potentiel conflit régional. En particulier, cela pourrait concerner une crise autour de Taïwan, ou encore une escalade en mer de Chine méridionale, zones régulièrement patrouillées par les forces navales américaines et théâtre de tensions croissantes entre Pékin et Washington.

Une tactique de dissuasion qui inquiète

Du point de vue stratégique, la reproduction de ces navires en plein désert constitue une mise en scène militaire à destination autant des troupes chinoises que des observateurs étrangers. Elle traduit une volonté claire : se préparer à des frappes ciblées contre des bâtiments spécifiques en cas de confrontation. Pour certains responsables américains, ces initiatives illustrent le souhait explicite de Pékin de pouvoir contester, voire interdire, l’accès militaire américain à certaines zones du Pacifique occidental.

L’ambiguïté des intentions reste totale : les structures n’ont pas été officiellement reconnues, et le ministère chinois des Affaires étrangères s’est contenté de déclarer « ne pas être au courant de la situation ». Ce silence diplomatique contraste avec la nature très visible et symbolique de ces installations, difficilement interprétables autrement que comme un outil de préparation militaire et de communication stratégique.

Conclusion

La Chine ne se contente plus d’énoncer ses ambitions régionales, elle les met en scène, y compris au cœur de son désert intérieur. Les répliques de navires de guerre américains ne sont pas de simples décors : elles témoignent d’une transformation profonde de la doctrine militaire chinoise, tournée vers la projection de puissance et la dissuasion ciblée. Reste à savoir si ces signaux seront perçus comme des mesures de sécurité défensive ou comme les prémices d’une confrontation à venir dans l’espace maritime indo-pacifique.

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